Sandra Bégué enseigne l’anglais sur le campus de Bordeaux aux étudiants de l’ISG, de l’ISEFAC et de XP. Elle vient de publier une méthode d’anglais « pour faux débutants », destinée à tous ceux qui veulent (ré)apprendre la langue de Shakespeare.
Comment est née cette méthode ?
C’est un livre que je souhaitais écrire depuis plusieurs années. Tout au long de ma carrière d’enseignement en langues, j’ai constaté qu’un certain nombre de problématiques très fortes, qui gênent la grande majorité des apprenants, revenaient très souvent. Cette méthode s’adresse à tous ceux qui ont des blocages, peu importe leur âge, et ne peuvent plus du tout avancer. Ces blocages sont si importants qu’ils peuvent avoir un impact sur la vie personnelle ou professionnelle et obligent les apprenants à reprendre les bases – ce qui est très frustrant. À travers ce livre, je souhaite les déculpabiliser et démystifier l’ampleur de la tâche !
Quels sont ces principaux blocages ?
En grammaire, le principal d’entre eux est celui des temps ; sinon, il s’agit plutôt de la prononciation. Il y a aussi tous les éléments qu’on souhaite transposer en anglais en se basant sur notre langue maternelle mais qui ne fonctionnent quasiment jamais, générant beaucoup de difficultés. Ce sont des mécanismes et des habitudes difficiles à outrepasser qui découragent très facilement et font que l’on s’arrête dans le cheminement. Alors qu’en réalité, on a juste besoin de ne plus voir les obstacles et d’aller plus loin.
Au fond, le plus important, c’est d’oser ?
Oui, il faut désinhiber l’apprentissage et se rendre compte que l’on connaît finalement plein de choses. Les apprenants possèdent un grand vocabulaire, mais lorsqu’ils font face à leurs blocages, ils ont l’impression qu’ils ne savent plus rien. C’est là qu’ils ont besoin d’une aide extérieure pour leur faire réaliser qu’ils ont des connaissances. Il faut avoir une vision réaliste de son niveau !
On reste enfermés dans un système d’éducation dont on connaît l’inefficacité.
Comment s’organise votre ouvrage ?
La première partie est justement consacrée à déculpabiliser l’apprenant, via des éléments lui permettant de se sentir plus à l’aise, de se rendre compte que c’est possible et d’approcher la langue d’une autre façon. La deuxième partie concerne six éléments de grammaire dont on ne peut faire l’abstraction. La dernière partie est consacrée aux « joyaux de la couronne », c’est-à-dire les éléments incroyables et uniques de la langue anglaise, très amusants et plein d’inventivité. Par exemple, les questions tags qui font qu’on ne répond jamais par « oui » ou par « non » et vont générer un dialogue beaucoup plus fluide qu’en français. On peut aussi citer la voie passive. C’est une langue à la fois facile pour échanger mais qui peut être très complexe à un niveau très poussé, beaucoup plus l’allemand, contrairement ce qu’on pourrait penser.
Pourquoi la France fait-elle toujours partie des mauvais élèves en matière d’apprentissage de l’anglais et des langues étrangères ?
Nous sommes partis de postulats dont la plupart s’avèrent faux. Par exemple, qu’on ne peut pas apprendre certaines choses quand on est trop jeune, comme les temps. C’est faux, j’ai appris l’anglais à mes enfants alors qu’ils étaient très jeunes ; c’est entre 6 et 11 ans qu’il faut apprendre un maximum d’éléments. D’une part, l’apprentissage est trop basique et de l’autre, il doit commencer beaucoup plus tôt – d’ailleurs beaucoup d’apprenants en difficulté regrettent ne pas avoir débuté l’anglais plus jeunes. En France, on a tendance à se bloquer dans des carcans. Or, il est absurde d’apprendre certains temps à un niveau de collège par exemple, puis d’autres plus tard. En faisant ainsi, les étudiants arrivent dans le supérieur sans vision globale de la grammaire. Nous sommes restés attachés à des méthodes que reproduisent les enseignants à qui on les a dispensées. On reste enfermés dans un système d’éducation dont on connaît l’inefficacité. Cela perdure alors qu’on pourrait le changer ! C’est exactement ce que j’essaie de mettre chaque jour en pratique.
- Amazing! – Méthode d’anglais pour faux-débutants de Sandra Bégué (Ellipses)
- www.sandrabegue.com