À 35 ans, Rémi Raher est un auteur prolixe avec… 35 ouvrages à son actif et d’autres à venir. Chef d’entreprise et conférencier, il intervient à l’ISEG Nantes où il donne cette année un cours de prospective stratégique et anime plusieurs workshops. Son dernier livre revient sur la success-story de V and B, une société mayennaise pionnière du concept de cave-bar il y a 20 ans, devenue une multinationale avec 1 500 collaborateurs.
Que raconte l’histoire de V and B ?
Cette société est née il y a 20 ans à Château-Gontier, une petite ville de Mayenne. C’était au départ un magasin en avance sur son époque : parmi les premiers à faire à la fois cave et bar, ils ont participé au développement du concept d’afterwork en France, car leurs portes ferment à 20 h. Aujourd’hui, V and B compte plus de 230 magasins et 1 500 collaborateurs en France et à l’étranger. La société a développé une foule d’autres activités, notamment des vignes, une société de transport et de l’import-export, au Chili, au Vietnam ou encore en Angleterre. Elle fait également du textile, possède une brasserie et des restaurants, organise le festival V and B Fest à guichet fermé des mois avant qu’il ne débute avec de belles têtes d’affiche… Alors que la société a été fondée par deux copains, ils sont aujourd’hui 53 associés dans le groupe. C’est une belle réussite, avec une moyenne d’âge très basse chez les collaborateurs – moins d’une trentaine d’années. À noter dans l’actualité : V and B s’est associé avec le département de la Mayenne pour sponsoriser le bateau et l’équipe de Maxime Sorel, en course sur le Vendée Globe.
Cette aventure montre qu’on peut diriger une grosse multinationale avec un management très humain, en faisant confiance aux gens et aux jeunes en particulier.
Pourquoi avoir voulu mettre en lumière cette réussite ?
Cette aventure m’a surpris car elle montre qu’on peut diriger une grosse multinationale avec un management très humain, en faisant confiance aux gens et aux jeunes en particulier. Le tout en gardant un esprit familial avec des valeurs essentielles : émulation, formation et progression. La quasi-totalité de la centaine de salariés que j’ai rencontrée pour écrire ce livre n’occupent pas le poste pour lequel ils ont été embauchés. Par exemple, je pense à David Piquet, qui a commencé comme préparateur de commandes pour finalement créer la société de transport Truck VB, ou à Damien Jahier, qui a débuté à la logistique avant de devenir le président du V and B Fest ! En interne, la société se donne les moyens et le temps de faire grandir ses collaborateurs. Et chose amusante à une époque où l’on cherche toujours à allonger sa liste de diplômes : V and B recrute plutôt sur le savoir-être et forme au savoir-faire. Un des cadres m’a ainsi malicieusement dit qu’on pouvait apprendre aux gens à compter mais pas à sourire…
C’est justement une valeur que vous souhaitez transmettre aux étudiants de l’ISEG ?
J’insiste sans doute sur le savoir-être car je suis plutôt surpris par leur niveau : ils ont une capacité de restitution assez exceptionnelle. Donc plutôt que de m’attarder sur des savoir-faire qu’ils ont déjà souvent vus et revus, j’essaie de leur montrer d’autres façons de voir et de s’interroger, ce qui est essentiel pour faire de la prospective et transformer les organisations. Je les incite à ne jamais oublier le projet d’entreprise : vers quoi veut-on aller et comment ?
Même si le contexte actuel rend l’exercice compliqué, je les fais beaucoup travailler en groupes. D’une part, parce que la collaboration à distance est peut-être leur prochain mode de travail par défaut ! Et d’autre part, parce que la principale erreur de l’école est de nous évaluer uniquement sur notre mérite individuel, alors que dans la vie, les réussites sont toujours des aventures collectives.
Dès que j’ai su lire et écrire, j’ai tout de suite commencé à écrire des histoires.
Comment faites-vous pour écrire autant ?
Dès que j’ai su lire et écrire, j’ai tout de suite commencé à écrire des histoires. Rien de transcendant, mais c’était des histoires que j’avais envie de lire. J’ai toujours eu cette idée en tête alors qu’on me répétait sans cesse qu’écrivain n’était pas un métier… Donc après de longues études qui m’ont mené vers un doctorat en sciences de gestion (que je vais soutenir cette année), j’ai eu plusieurs métiers, notamment dans les médias et en politique. Puis en 2015, j’ai quitté le cabinet du président de la Région et j’ai profité de ce moment pour me consacrer à l’écriture. Six mois plus tard, je me suis mis au défi de publier un livre par mois pendant un an. Il n’y a pas eu que des réussites mais cette répétition m’a permis de me former et mon livre sur le fasting s’est vendu à plus de 30 000 exemplaires, ce qui m’a permis de poursuivre dans cette voie. Néanmoins, comme je m’ennuie très vite, je change régulièrement de sujet. J’ai notamment beaucoup écrit sur des thématiques juridiques et entrepreneuriales, ce qui m’a permis de développer mon activité de consulting et de remettre un pied en politique pour écrire (des livres et des discours) pour des élus ainsi que pour des chefs d’entreprise. C’est un exercice très enrichissant !