Christian Soleil intervient à l’ISEG Lyon depuis 1992, où il enseigne cette année l’écriture professionnelle. Ancien journaliste, consultant et collectionneur d’art, il est surtout un écrivain hyperactif qui enchaîne les projets. Il signe une biographie sur Juliette Gréco, basée sur ses rencontres avec la célèbre chanteuse
Comment s’est déroulée l’écriture de Juliette Gréco, l’amie lointaine ?
J’avais finalisé cet ouvrage juste avant sa mort en septembre 2020. C’est une sorte d’essai biographique, une forme de compte-rendu des moments où nous nous sommes rencontrés. J’avais réalisé une première interview d’elle sur une radio locale, en 1984, lorsque j’étais journaliste. Puis, j’ai eu l’opportunité de la suivre et de l’interroger ensuite à de nombreuses reprises, lors de ses concerts et de ses pérégrinations, aussi bien à Paris, Avignon, que Tokyo… ou même Saint-Étienne où j’habite. J’ai construit ce livre autour de nos rencontres, comme un portrait de la femme qu’elle était. J’ai pris des extraits de ces interviews pour « tricoter » un récit de sa vie, sous un angle intimiste. Si son public était composé de gens d’un certain âge, il rassemblait néanmoins toutes les générations et avait tendance à rajeunir avec les années.
Dès qu’on brisait la glace, on en avait une vision tout autre.
Qu’est-ce qui vous a marqué chez elle ?
Enfant, dans les années 1970, je suis très vite devenu fan de ses disques. Ma première rencontre est sans doute celle qui m’a le plus marqué. C’est un personnage à la fois fantasque, un peu excentrique, qui aimait entretenir un certain mystère sur elle-même, à la fois par pudeur et par timidité. Avec les journalistes, elle pouvait être bienveillante, mais difficile à interviewer car elle répondait généralement à côté des questions. Notre premier contact fut très agréable et très libre. Alors que nous étions un groupe de journalistes et que j’avais à peine 22 ans, nous sommes restés longtemps ensemble à échanger. Elle m’a raconté plein de choses sur sa vie. Et comme nous finissions par nous connaître un peu mieux au fil du temps, chaque rencontre était passionnante. Alors qu’elle était présentée comme une star, dès qu’on brisait la glace, on en avait une vision tout autre. Celle d’une dame vieillissante, très discrète et charmante, qui n’avait rien à voir avec le personnage de théâtre qu’elle se façonnait. Mais elle se dévoilait assez peu, ou de façon assez rare.
Il s’agit de votre deuxième biographie de chanteuse, après celle de Barbara.
Oui. J’ai d’ailleurs bien plus fréquenté Barbara que Juliette Gréco avec qui nous avions des relations plus intimes et durables. Je viens également d’achever une biographie musicale de David Bowie – que j’ai rencontré à plusieurs reprises – qui sortira dans le courant de l’année, sans doute au printemps.
Qu’est-ce qui vous plaît dans l’exercice d’écriture de biographies ?
J’écris toujours, c’est un besoin. Tout m’inspire, aussi bien des relations avec des personnalités qu’elles soient politiques – mais généralement moins inspirantes – ou des artistes. Je me suis saisi de ces sujets car ils me parlaient. J’ai toujours eu le réflexe journalistique de garder toutes mes notes, même encore aujourd’hui dans mes activités de conseil et de formation. Mon but est de transmettre des choses inédites ou des émotions fortes. Ces biographies reposent sur un vrai travail de recherche.
J’aime la surprise : la fin n’est jamais celle que j’avais prévue.
Et comment se passent l’écriture de vos romans et de vos essais ?
Ils répondent à une impulsion, soit sur un personnage ou sur un moment-clé. Je les débute généralement pendant les vacances et passe ensuite mes jours et mes nuits à écrire. J’ai ainsi fait des petits romans en une semaine. La relecture prend généralement plus de temps. J’écris très vite et je commence toujours par un premier chapitre puis je fais un plan. Puis j’avance et, en général, je modifie ce plan. J’aime la surprise : la fin n’est jamais celle que j’avais prévue.
Vous ne vous arrêtez jamais d’écrire…
J’ai écrit pas mal de romans et de biographies, principalement d’artistes mais aussi d’hommes politiques que j’accompagne sur leur communication. J’ai également fait des recueils de comptes populaires, notamment à l’étranger, au Maghreb, en Asie et dans les pays du Nord. J’ai aussi fait des livres sur la négociation culturelle. Je vais prochainement sortir un livre sur l’e-réputation. Il s’agira d’un guide pratique basé sur mon accompagnement des PME, qui connaissent généralement assez mal le sujet.