Dossier #50

La tech au féminin by IONIS (2/2)

Qu’elle concerne l’informatique, les sciences, l’ingénierie et bien plus encore, la « tech » constitue un formidable univers et offre de nombreuses opportunités de carrière. Pourtant ces secteurs, si riches et passionnants, peinent encore à attirer les filles et les jeunes femmes. Que ce soit dans le numérique ou dans les écoles d’ingénieurs, leur nombre dépasse péniblement les 25 % depuis de nombreuses années. Une anomalie – malgré des exceptions comme les biotechnologies où elles sont majoritaires – issue d’aprioris et de clichés encore tenaces qui veulent que, dès leur plus jeune âge, les garçons soient prédestinés à la technologie, mais pas les filles. Découvrez que ce n’est pas le cas à travers une série de portraits de femmes qui la font au quotidien au sein du Groupe IONIS. Des personnalités qui partagent une même envie : que les lignes commencent enfin à bouger

Loïca Avanthey

Enseignante-chercheuse, co-fondatrice
de l’équipe SEAL à l’EPITA

La quête de sens m’a toujours guidée !

Que faites-vous au SEAL ?

Je suis enseignante-chercheuse en robotique d’exploration. L’équipe SEAL a vu le jour en 2018 pour développer les activités de robotique au sein de l’école. Pour la partie recherche, cela consiste à concevoir des robots avec des capteurs embarqués que l’on va déployer sur le terrain pour récupérer des données que l’on va ensuite traiter pour faire des cartes thématiques, de la reconstruction 3D, des mosaïques d’images… Ces données vont ensuite être envoyées à des collègues scientifiques, aussi bien des biologistes, des archéologues, des vulcanologues ou des botanistes, qui vont les utiliser dans leur spécialité. Mes thématiques de recherche touchent donc des domaines très vastes et transverses, car on part de l’acquisition des données (mécanique, électronique, robotique, automatique…) à leur traitement.

Comment vous est venue votre passion pour la recherche ?

J’ai toujours été passionnée par les sciences, mais je n’ai jamais vraiment été intéressée par la théorie pure. J’ai fait des études d’ingénieure en informatique, électronique et automatique, dans une école qui grâce à une pédagogie par projets m’a donné le goût pour la recherche. J’ai failli faire des études d’art dans la modélisation 3D, mais finalement, avec mon choix de cursus, je retrouve cet aspect artistique mélangé avec les sciences alors que l’inverse n’aurait pas pu être possible. Pendant mes études, j’ai pu rejoindre un laboratoire et accompagner les chercheurs dans leurs travaux. Nous avons ainsi pu travailler sur la conception de drones – nous étions les premiers en France –, puis sur les robots sous-marins, mes premières amours. À l’époque, j’ai pu valider mes crédits académiques via mes activités au laboratoire ; c’était une vraie innovation et une possibilité que l’EPITA propose désormais. J’ai donc passé une grande partie de ma scolarité dans un laboratoire de recherche. Comme j’ai toujours aimé l’enseignement, j’ai ensuite passé une thèse.

Comment vous est venue votre passion pour la recherche ?

Pendant mes études d’ingénieure, nous étions que 7 % de filles. Cela ne m’a pas beaucoup dérangé, au contraire, ça a plutôt été un atout ! En réalité, cela m’interpelle plus en tant que prof, pour des questions de diversité. Ce déséquilibre est un problème qui remonte bien avant le

début des études supérieures : la société n’encourage pas les filles à s’orienter vers les métiers techniques. Les jouets par exemple sont très
fortement genrés : je piquais régulièrement les jouets de mes frères car la technique m’a toujours plu. On retrouve le même biais dans les romans « destinés » aux filles. Mais pourquoi ? Tout cela créé des barrières mentales et participe au détournement des filles pour les sciences et les techniques. Elles vont se fermer des porter avant même de savoir si elles sont intéressées par ces domaines.
L’autre frein est lié à la perception des métiers de l’ingénieur du numérique et de l’image qui en est donnée. Le besoin de donner du sens est un phénomène très marqué au sein des nouvelles générations. Mais les filles ressentent sans doute plus ce besoin et seront plus attirées vers des métiers qu’elles jugent utiles à la société.
Dans les métiers santé et des services à la personne, cela est évident. Mais pour les métiers techniques, ça l’est beaucoup moins. Du coup, une partie des filles qui auraient pu s’orienter vers ces filières ne le font pas. Cette quête de sens est quelque chose qui m’a toujours guidée tout au long de mes choix de carrière. Une fois diplômée, je ne voulais pas m’orienter vers une société de services orientée business ou vers de « l’ultra-tech » comme le faisaient la plupart des ingénieurs. J’avais besoin du côté technique, concret et artisanal et d’une adéquation avec la question environnementale qui a toujours été fondamentale à mes yeux. Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir faire ce que j’aime, car enseigner a une véritable utilité. Et mes activités de recherche me permettent de travailler sur la préservation de l’environnement, notamment des littoraux.

Cela touche à la représentation des filles et des jeunes femmes qu’elles ont d’elles-mêmes.

Oui, complétement. Notre orientation très tech, fait que nous avons près de 80 % d’hommes à la tête de nos startups, alors que l’incubateur makesense, dédié à l’économie sociale et solidaire, c’est l’inverse. Ce n’est donc pas notre univers qui est ainsi, mais les domaines. Par exemple, la mobilité est un domaine essentiellement masculin, les biotechnologies, majoritairement féminin. C’est un peu comme les orientations scolaires : les hommes font des robots et les filles de la biologie… Mais les lignes commencent à bouger.

Ça commence
dès l’enfance…

Yasmina Chenoune

Enseignante-chercheuse et responsable de la Majeure Biotech & Numérique à l’ESME Sudria

Que faites-vous ?

Je suis enseignante-chercheuse en traitement d’image et imagerie médicale. Dans le cadre de mes activités pédagogiques et d’enseignement, je suis responsable de la Majeure Biotech & Numérique, qui forme des ingénieurs aux technologies numériques appliquées à la santé, au médical et aux biotechnologies ainsi qu’au dispositif médical. Pour la partie recherche, je travaille sur des projets portant sur le traitement et l’analyse d’image pour l’aide au diagnostic, la décision thérapeutique et la planification interventionnelle, en partenariat avec des laboratoires de recherche et des organismes hospitaliers.

Qu’est-ce qui vous plaît dans l’enseignement ?

Le contact avec les étudiants : on ne devient pas enseignant par hasard ! J’aime transmettre mes connaissances, voir évoluer et progresser les élèves et participer à la conception de programmes qui les intéressent. Il est en effet important d’adapter le contenu des formations proposées afin d’offrir aux étudiants un maximum de possibilités pour construire leur parcours en fonction des besoins du marché bien évidemment mais aussi en fonction de ce qu’ils aiment, de leur projet personnel et professionnel. Nous essayons également de les sensibiliser à la recherche assez tôt pour leur ouvrir les portes vers une éventuelle poursuite d’études en doctorat après le diplôme d’ingénieur.

Comment avez-vous attrapé le virus de la recherche ?

Ingénieure en électronique, j’ai voulu continuer mes études en faisant un Master recherche en Génie-Biologique et Médical, ce qui m’a amenée naturellement au doctorat. C’est là que j’ai découvert le lien entre l’ingénierie et le biomédical. J’ai compris l’utilité de la recherche, ce qu’elle pouvait apporter aux autres, tant aux médecins en faisant avancer les connaissances et en développant des solutions techniques pouvant les aider dans leur routine clinique, qu’aux patients en améliorant la détection précoce de leurs maladies et leur prise en charge thérapeutique. Je suis passionnée par ce domaine toujours en évolution et j’ai envie de transmettre cette passion. Avec cette nouvelle Majeure, nous souhaitons permettre aux étudiants de l’ESME Sudria de s’ouvrir à d’autres disciplines et de développer ces doubles-compétences ingénierie-santé et ingénierie-biomédical et ça passe parfois par des projets de recherche !

Pourquoi les filles sont-elles sous-représentées dans la technologie et les sciences ?

Les filles s’intéressent beaucoup aux technologies et aux sciences, malgré certaines idées reçues bien ancrées ! Il faut les encourager dans cette voie en leur expliquant qu’il y a des métiers où elles peuvent, en plus de la technique, développer d’autres compétences et cultiver leurs sensibilités qui font qu’elles sont souvent au service des autres et à l’écoute. Si les formations intègrent ces aspects-là, cela peut attirer plus de filles, c’est sûrement une des raisons pour lesquelles la Majeure Biotech & Numérique compte autant de filles que de garçons. Les filles peuvent hésiter à choisir la voie de la technique car certains préjugés, parfois implicites, les freinent encore. Pourtant, elles ont les mêmes compétences que les garçons pour réussir. Il faut donc les rassurer, encore aujourd’hui ! Je suis convaincue que cela commence dès l’enfance, dans l’éducation et le discours des adultes : ne pas sous-estimer leurs capacités à réussir dans la voie de l’ingénierie. Cela doit aussi évoluer dans les collèges et les lycées, au moment de l’orientation : il faut leur montrer les nombreuses possibilités qui s’offrent à elles et comment le métier d’ingénieur est passionnant et évolutif.

Dipty Chander

(Epitech promo 2018)
Présidente de l’association E-mma

Que fait l’association E-mma, que tu as créé en 2013 pendant tes études ?

C’est une association de loi 1901 qui travaille à une plus grande diversité dans la tech. Elle est née du constat qu’il y avait très peu de femmes dans les métiers technologiques. Mais aujourd’hui, elle travaille également à une plus grande diversité culturelle, territoriale et d’accessibilité. Le manque de femmes est lié à l’absence de diversité culturelle, en particulier dans les territoires isolés qui n’ont pas accès à ces outils, ni n’ont les moyens d’accompagner des personnes en situation de handicap. La tech ne peut se passer de diversité et elle doit être inclusive. E-mma compte plus de 500 membres actifs, des étudiants ou des Alumni d’Epitech. Nous avons 16 antennes en France et à travers le monde.

Quelles sont ses actions ?

Elles sont de plusieurs natures. Nous proposons des initiations au code dès 7 ou 8 ans. L’objectif est de transmettre des compétences techniques dès le plus jeune âge pour prendre confiance et comprendre que n’importe qui peut faire des études d’informatique, sans se mettre de frein. Car, s’il manque des femmes et de diversité dans la tech, c’est en raison de la méconnaissance du secteur. Dès lors qu’on casse cette méconnaissance, on voit de très bons résultats. Ensuite, nous organisons des conférences de sensibilisation auprès du grand public : nous souhaitons que la prise de conscience soit la plus large possible et que les métiers du numérique soient connus de tous, en particulier des parents. Pour créer des vocations, il faut casser les stéréotypes et montrer des rôles-modèles, des développeuses et des développeurs qui vont raconter leur parcours et inspirer les plus jeunes. On ne dit pas assez souvent que les métiers de la tech sauvent des vies, au même titre que ceux du médical ! Enfin, nous organisons des hackathons avec nos partenaires sur des problématiques dans lesquelles la tech peut offrir des solutions, comme l’accès à l’eau potable. Nous voulons montrer que la tech for good est une réalité tangible !

Les métiers de la tech sauvent des vies !

En quoi consistent les ateliers #CodezChezVous ?

Avec la crise sanitaire, nous avons lancé ces ateliers de programmation en ligne pour les 8 à 12 ans et 13 à 16 ans. Lors du premier confinement, nous avons ainsi pu former près de 2 000 enfants, dont 44 % de jeunes filles ! Nous souhaitions faire en sorte que la Covid ne créé pas plus d’inégalités dans la tech. Cette initiative, parrainée par Cédric O, secrétaire d’État chargé du Numérique, et Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, se poursuit. Nous l’avons déployée dans toute l’Europe et elle nous a permis de prendre conscience que cette formule développée par E-mma pouvait être utile partout dans le monde. En mars, nous avons lancé la formule #CodeAtHome en Inde, avec les ambassadeurs français et indiens, des partenaires privés et publics. Ce déploiement, qui va se poursuivre en Afrique et Amérique du Nord. D’ici un an et demi, nous allons former plus d’un million d’enfants !

Agnès Saint-Pol

Enseignante-chercheuse et responsable du
laboratoire de recherche LRPIA à Sup’Biotech

J’ai toujours été fascinée par le vivant

Que fait le Laboratoire de recherche partenariale en ingénierie agroalimentaire (LRPIA) ?

Ce laboratoire, qui compte trois permanents de l’école, travaille à la valorisation de coproduits de l’agriculture sous forme de produits de biocontrôle : ce sont des produits utilisés à des fins phytosanitaires issus de mécanismes naturels, comme des insectes, des micro-organismes ou des substances naturelles (végétales, animales ou minérales). En ce moment, nous exploitons le potentiel antifongique de certains coproduits de la production maraichère pour extraire des substances qui pourront servir dans la lutte biologique.

Vous avez fait un doctorat en sciences de la vie. Comment vous est venue votre vocation scientifique ?

Pendant mes études, j’ai toujours été fascinée par le vivant. Les organismes vivants sont impressionnants du fait de leur prouesse technique ! Quand on regarde la structure et le fonctionnement d’une cellule, c’est extraordinaire. Bien que les connaissances grandissent, nous sommes loin d’être capables de reproduire ce que fait une cellule, un organisme. Et puis, j’avais aussi choisi de faire des études qui allaient me permettre d’apprendre tout au long de ma vie. La recherche me le permet, comme l’enseignement qui maintient un apprentissage plus général.

Pourquoi, alors que les sciences peinent à attirer des filles, les biotechnologies constituent une exception ?

Je ne sais pas… Depuis 2006, lorsque j’ai rejoint Sup’Biotech, les chiffres ont changé. À mon arrivée, il y avait une certaine parité. Mais depuis 4 ou 5 ans, nous avons une écrasante majorité de filles, près de 70 % ! D’un point de vue historique, les biotechnologies concernaient surtout la santé. Aujourd’hui, l’engouement de la nouvelle génération d’étudiants est très fort pour les questions environnementales auxquelles les biotechnologies peuvent apporter des réponses. Mais je ne m’explique pourquoi les garçons semblent moins intéressés par les biotechnologies. C’est une question de sensibilité qu’il faut développer avant les études supérieures et un sujet de préoccupation pour l’école qui souhaite attirer plus de garçons.

La recherche est-elle un environnement paritaire ?

Au niveau des chercheurs, oui. En revanche, les responsables sont très majoritairement des hommes. Mais à Sup’Biotech, ce n’est pas totalement le cas : j’en suis un exemple ! Les choses changent doucement, dans la recherche, comme ailleurs : on voit de plus en plus de femmes.

Qu’est-ce qui fait la force de Sup’Biotech ?

La qualité de son insertion professionnelle, liée à la personnalisation du cursus : nous laissons le temps aux étudiants de choisir ce qu’ils veulent faire et se construire. Car il arrive d’être performant dans une discipline et pas forcément dans une autre. Ce temps permet aux étudiants d’apprendre à se connaître et comme notre offre est vaste, ils peuvent se positionner dans ce qui leur plaît et là où ils sont bons. Comme ils sont satisfaits de ce qu’ils font, ils sont performants et plaisent naturellement aux entreprises. Cette personnalisation, qui n’est pas précoce est véritable une force !

Marie Moin

Directrice de SECURSPHERE by EPITA

La cybersécurité n’est pas réservée aux hommes !

Qu’est-ce que SECURSPHERE by EPITA ?

SECURSPHERE est l’entité de l’EPITA chargée de faire de la formation continue en cybersécurité. Nous proposons aux entreprises des actions de formation pour participer à leur sécurisation globale. La sécurité numérique, ce sont des outils mais aussi un ensemble de moyens à mettre en œuvre au niveau des collaborateurs. SECURSPHERE propose ainsi des programmes adaptés à tous les métiers. Chacun a besoin de compétences cyber et celles-ci doivent naturellement être déclinées en fonction des métiers concernés : si un directeur financier et un développeur ont besoin d’être formés, les compétences mises en jeu ne sont pas les mêmes.

Qu’est-ce qui vous passionne dans votre métier ?

L’ingénierie pédagogique et le fait de créer sans cesse de nouvelles formations. Car la cybersécurité est un secteur qui bouge tout temps et nous avons constamment besoin de renouveler nos programmes. Pour cela, nous devons être à l’écoute permanente des entreprises et nous adapter à leurs besoins, mais aussi à leurs demandes. Les menaces évoluent sans arrêt, comme les prérequis des utilisateurs et leur comportement. Nous devons nous adapter aux évolutions en cours.

Qu’est-ce qui vous passionne dans votre métier ?

L’ingénierie pédagogique et le fait de créer sans cesse de nouvelles formations. Car la cybersécurité est un secteur qui bouge tout temps et nous avons constamment besoin de renouveler nos programmes. Pour cela, nous devons être à l’écoute permanente des entreprises et nous adapter à leurs besoins, mais aussi à leurs demandes. Les menaces évoluent sans arrêt, comme les prérequis des utilisateurs et leur comportement. Nous devons nous adapter aux évolutions en cours.

En quoi consistent les cyber-menaces actuelles ?

Les cyber-attaquants sont toujours très opportunistes. Ils ont ainsi largement profité de la crise, en s’attaquant aux hôpitaux, mais aussi en s’engouffrant dans les failles liées au télétravail. Par définition, la délinquance est un phénomène opportuniste et désormais, les cyber-attaquants sont très bien organisés ; on est bien loin du petit délinquant : de véritables mafias se sont emparées du « marché ». C’est également un enjeu stratégique (espionnage, intelligence économique…) pour certaines entreprises et un instrument de déstabilisation pour certains États. Au fond, on retrouve dans le monde cyber les mêmes menaces que celles du monde réel.

Pourquoi y-a-t-il si peu de femmes dans la cybersécurité ?

C’est effectivement un milieu éminemment masculin. Les femmes qui travaillent dans ce domaine – j’en suis le parfait exemple – ne travaillent pas dans la technique. Nous manquons cruellement de femmes dans ces métiers. Pour changer la donne, il faut attirer plus de filles dans les écoles d’ingénieurs. La cybersécurité n’est pas un métier d’hommes ! Les femmes sont essentiellement présentes dans les métiers juridiques ou connexes, comme la formation. Quand il s’agit de mettre « les mains dans le cambouis » – et la cybersécurité est une matière dont le cœur reste d’abord très technique –, il n’y a pas de femmes, car il n’y a pas de filles dans les écoles d’ingénieurs.

En quoi consistent les cyber-menaces actuelles ?

Agir très tôt, en faisant des campagnes de sensibilisation et encourager des initiatives comme GirlsCanCode!. En agissant le plus tôt possible, on peut faire changer les mentalités, car les filles ne se projettent pas : aujourd’hui, une lycéenne ne s’imagine pas dans l’informatique. Il faut intervenir au moment où elles s’intéressent à leur orientation, dès le collège, voire avant. En s’interdisant ces carrières, elles se privent de métiers passionnants pour lesquels elles sont très compétentes. Si elles aiment les sciences et l’informatique, il n’y aucune raison qu’elles n’y aillent pas ! Rien ne doit leur faire peur ! Mais cela viendra, comme en médecine où l’on voit maintenant autant de femmes chirurgiennes. Je reste très optimiste, mais cela ne fera pas en un claquement de doigt. Il faut mettre en avant les ingénieures et les femmes qui travaillent dans des métiers techniques.

Mélanie Tchéou

(EPITA promo 2023)
Membre de l’association Prologin

Ouvrir
des portes !

Tu fais partie de l’association Prologin de l’EPITA qui organise les stages Girls Can Code!. En quoi consistent-ils ?

Cette initiative, qui a vu le jour en 2014, part du constat que les femmes sont sous-représentées dans le numérique. Pour cela, Prologin organise des stages, sur une semaine ou pendant un week-end, pour permettent aux collégiennes et aux lycéennes de découvrir la programmation, à Paris, mais aussi sur les autres campus de l’EPITA. Au cours de ces cessions, des femmes travaillant dans le numérique viennent présenter leur métier et parler de leur parcours. En plus d’une initiation au code, nous organisons différents ateliers pour permettre aux jeunes filles de découvrir certains outils et leur montrer qu’il existe de nombreuses choses à faire dans l’informatique. Cela leur permet de réaliser qu’elles peuvent tout à fait y faire carrière et que ce n’est pas un secteur réserver aux garçons.   

Pourquoi as-tu rejoint cette association ?

Je l’ai connue grâce à mon parrain qui en faisait partie et m’en avait beaucoup parlé ! Il m’a donné envie de rejoindre Prologin. Cet engagement associatif me permet d’être au service des autres – une chose que j’ai toujours aimé faire. Faire partie de l’association m’a donné l’occasion d’échanger plus facilement avec mes ainés, mais aussi avec les plus jeunes, notamment les participantes des ateliers Girls Can Code! Avec la pandémie je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de participer à des ateliers en présentiel, mais j’ai pu être présente sur les éditions en distanciel. J’aime l’idée de pouvoir transmettre mes connaissances, et même si je n’ai pas encore pu rencontrer les participantes en face à face, j’ai trouvé l’expérience déjà très enrichissante et j’ai hâte que nous puissions reprendre nos activités en présentiel !

Comment vis-tu le fait d’être une fille dans un environnement majoritairement masculin ?

Au départ, j’avais une certaine appréhension, même si j’ai plutôt tendance à être amie avec des garçons que des filles. Mais comme nous sommes peu nombreuses, c’est au fond un avantage car les garçons ont tendance à être plus attentifs et prévenants avec nous ! En tout cas, de ce j’ai vécu, j’ai été plutôt bien accueillie et ça m’a permis de me sentir à ma place. Il ne faut pas non plus croire que les filles dans le domaine ne sont intéressées que par les ordinateurs et les jeux vidéo. A l’EPITA j’ai pu me rendre compte que même si les filles sont peu nombreuses, les profils restent divers et variés, et ne correspondent pas forcément à l’idée qu’on peut s’en faire en se basant sur les clichés. Donc n’importe qui a sa place ici.

Pourquoi êtes-vous sous-représentées parmi les ingénieurs ?

En grande partie car elles pensent que ces études et ces métiers ne sont pas faits pour elles. Mais aussi, car elles manquent cruellement d’informations. Quand elles pensent au numérique ou à l’informatique, les filles ne s’imaginent pas travailler dans ces domaines. Ce fut d’ailleurs mon cas. Mais grâce à mes parents qui m’ont fait découvrir l’ingénierie, en particulier mon père, j’ai décidé de rejoindre l’EPITA, car j’ai réalisé que je pouvais suivre ce type d’études. C’est quelque chose dont on devrait parler très tôt. Dans les stages que nous organisons à Prologin, j’ai croisé de nombreuses femmes qui ont justement regretté de ne pas avoir fait ce choix et qui souhaitent faire une reconversion professionnelle. Notre objectif, c’est de leur ouvrir des portes !

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