Dossier #49

La tech au féminin by IONIS (1/2)

Qu’elle concerne l’informatique, les sciences, l’ingénierie et bien plus encore, la « tech » constitue un formidable univers et offre de nombreuses opportunités de carrière. Pourtant ces secteurs, si riches et passionnants, peinent encore à attirer les filles et les jeunes femmes. Que ce soit dans le numérique ou dans les écoles d’ingénieurs, leur nombre dépasse péniblement les 25 % depuis de nombreuses années. Une anomalie – malgré des exceptions comme les biotechnologies où elles sont majoritaires – issue d’aprioris et de clichés encore tenaces qui veulent que, dès leur plus jeune âge, les garçons soient prédestinés à la technologie, mais pas les filles. Découvrez que ce n’est pas le cas à travers une série de portraits de femmes qui la font au quotidien au sein du Groupe IONIS. Des personnalités qui partagent une même envie : que les lignes commencent enfin à bouger

Marie-Laure Idée

Responsable de la coordination nationale de IONIS 361 et de l’incubateur parisien

Les jeunes filles sont moins habituées à prendre des risques

Que faites-vous à IONIS 361 ?

La mission de l’incubateur est de favoriser les chances de réussite d’une société qui se lance. En général, 80 % des nouvelles créations meurent dans les cinq années qui suivent leur création. Chez nous, c’est l’inverse, voire plus ! Mon métier s’apparente à celui d’un chef d’orchestre qui doit savoir sur quelle corde tirer pour chaque startup que nous accompagnons. Pour chacune d’entre-elles, nous créons ainsi un programme spécifique d’incubation (financement, communication, commercialisation…). Depuis sa création, IONIS 361 a accompagné 250 startups, permis la levée de 65 millions d’euros et permis la création de 700 emplois.

Pourquoi y-a-t-il encore si peu de femmes à la tête des startups ?

En 2018, seules 4 % de nos startups incubées étaient dirigées par des femmes. Aujourd’hui, on est montés à 22 %. Mais ce chiffre est encore très bas malgré une très forte augmentation. Cela tient surtout au fait que nous accompagnons principalement des projets tech ou informatiques, où les hommes sont sur-représentés. Quand on prend les chiffres de créations d’entreprises en France, toutes activités, les femmes représentent presque la moitié des créateurs. Or dans l’univers des startups, qui demande aux jeunes pousses d’être innovantes et disruptives, cela passe par de la technologie pure et dure, avec de l’algorithmie, de l’informatique… Ce sont des univers très masculins, avec très peu femmes.

Ainsi, pour avoir plus de femmes créatrices de startups, il faut donc encourager les vocations dans des carrières tech ?

Oui ! Et pour cela, il faut aller dans les collèges et les lycées pour pousser les jeunes filles à faire des maths, des sciences, de l’informatique… Et qu’elles ne se cantonnent pas à des filières plus « littéraires ». Le souci est à ce niveau, pas à celui de la création d’entreprises.

On remarque également que le financement des startups, et les business angels, reste éminemment masculin…

On a tendance à dire que cela explique en partie le manque de femmes à la tête des startups. La plupart des réseaux de business angels sont composés essentiellement d’hommes et les réseaux de femmes sont généralement moins dynamiques. Quand on regarde les grosses levées de fonds, les femmes représentent à peine 2 % des porteurs de projets…, alors qu’on constate qu’elles rapportent plus d’argent que leurs homologues masculins ! C’est un fait : moins de femmes sont financées alors qu’elles fonctionnent souvent mieux que les hommes.
S’agit-il de discrimination ? Je ne pense pas. Aujourd’hui, les investisseurs avec qui nous travaillons à IONIS 361 sont de plus en plus à la recherche de projets portés par des femmes, car leur gestion des finances est considérée comme meilleure. Mais, encore une fois, le problème est plus ancien car il semble que les femmes ont moins d’appétence aux risques. Elles ont tendance à être plus prudentes. C’est pourquoi elles sont à la tête de sociétés plus stables et plus rentables, mais qui avancent moins vite. Contrairement aux hommes qui ont tendance à aller plus vite et prendre plus de risques.

On remarque également que le financement des startups, et les business angels, reste éminemment masculin…

Oui, complétement. Notre orientation très tech, fait que nous avons près de 80 % d’hommes à la tête de nos startups, alors que l’incubateur makesense, dédié à l’économie sociale et solidaire, c’est l’inverse. Ce n’est donc pas notre univers qui est ainsi, mais les domaines. Par exemple, la mobilité est un domaine essentiellement masculin, les biotechnologies, majoritairement féminin. C’est un peu comme les orientations scolaires : les hommes font des robots et les filles de la biologie… Mais les lignes commencent à bouger.

Les algorithmes reflètent notre société

Clara Jean

Ingénieure de recherche à Epitech 

Quelle est votre mission à Epitech ?

Je suis spécialisée dans l’économie digitale. Mes travaux portent sur l’intelligence artificielle et son utilisation en ligne, en particulier dans la publicité. Je m’intéresse aux algorithmes et à leur comportement dans la distribution de la publicité, notamment sur les réseaux sociaux. À Epitech, mon rôle est de comprendre comment ces algorithmes fonctionnent et savoir s’ils reproduisent des stéréotypes et de la discrimination. Actuellement, je suis dans ma 4e année de thèse.

Que mettent à jour vos recherches ?

Que ce soit pour les publicitaires ou les écoles qui souhaitent communiquer dans les filières scientifiques, il faut prêter attention à la manière dont on construit ces publicités. En effet, un seul mot peut totalement changer la manière dont elles sont distribuées, y compris lorsqu’on utilise le même visuel. Si l’on veut toucher plus de femmes ou de jeunes filles, il est important de déclarer que cette publicité est destinée aux femmes pour les atteindre. Car les algorithmes ont naturellement tendance à plus cibler les hommes. Et cela pour en raison de plusieurs mécanismes. Le premier d’entre eux est économique : les femmes coûtent plus cher à atteindre sur les réseaux, car il y a plus de compétitions et les publicitaires cherchent à les atteindre en priorité. Une des manières de les atteindre est de bien préciser à l’algorithme qu’on souhaite les cibler, mais sans le préciser dans les critères de ciblage, car cela se fait au détriment des hommes. Il y a donc une très grande importance dans les mots que l’on utilise et qui auront une incidence sur les cibles atteintes. Le deuxième mécanisme est celui de la phase d’apprentissage des algorithmes : ils ont besoin d’apprendre à diffuser la publicité. Pour cela, ils doivent accumuler des données pour savoir à qui diffuser du contenu et comment, en somme, acquérir des informations sur les performances de la publicité. Ils sont très sensibles à des événements aléatoires et ont tendance à apprendre beaucoup de ces derniers. En cas de rareté de données, un évènement aléatoire tel qu’un « pic » de ratio de clics (clics/impressions) va avoir pour conséquence l’arrêt de la phase d’apprentissage de l’algorithme qui n’adaptera plus la diffusion des contenus publicitaires pour le reste de la campagne. Dans une optique où l’algorithme cherche à déterminer rapidement les contenus qui génèrent le plus d’ « engagement », il a également tendance à apprendre de données non représentatives et a ainsi tendance à adapter l’affichage de la publicité en fonction des données issues des grands centres de population : par exemple, pour la diffuser dans des régions avec peu de gens et de données, il va se caler sur ce qui est fait pour de grands bassins de population. Tous ces mécanismes expliquent pourquoi la discrimination peut être reproduite.

En réalité, si ces publicités sont discriminatoires, c’est que leurs algorithmes reproduisent les discriminations existant déjà dans la société ?

Oui ! Et pour cela, il faut aller dans les collèges et les lycées pour pousser les jeunes filles à faire des maths, des sciences, de l’informatique… Et qu’elles ne se cantonnent pas à des filières plus « littéraires ». Le souci est à ce niveau, pas à celui de la création d’entreprises. Néanmoins, les choses changent car il y a de plus en plus de sociétés et de plateformes qui sont conscientes de ces biais et essaient d’y apporter des réponses. Pour cela, ils supervisent davantage le comportement de leurs algorithmes. Mais la question n’est encore clairement pas réglée…

Zehira Haddad-Boussekou

Responsable des enseignements en informatique
du Cycle Préparatoire à l’ESME Sudria

Pas de raison qu’il n’y ait pas autant d’ingénieures que d’ingénieurs

Que faites-vous à l’ESME Sudria ?

Je suis responsable des enseignements en informatique du Cycle Préparatoire : je m’occupe de coordonner ces enseignements sur les quatre campus de l’école. J’enseigne ainsi 6 modules d’informatique aux deux premières années. En parallèle, j’enseigne le machine learning et l’intelligence artificielle dans les deux parcours Biotech & Santé, Énergie & Environnement. .

Dans vos enseignements en informatique, vous déployez à l’école un nouveau type de pédagogie basée sur l’apprentissage par problème. En quoi consiste-t-elle ?

On n’enseigne plus l’informatique via des cours classiques, magistraux ou avec des travaux dirigés, mais via des problèmes à résoudre. Au début du semestre, nous créons des groupes de 6 à 7 étudiants. Ensemble, ils vont travailler sur une problématique à résoudre ; il s’agit de questions concrètes pour lesquels ils ont intérêt, comme la programmation de jeux – car c’est un domaine qui les intéresse beaucoup. Pour cela, nous leur donnons un fascicule détaillant la question, accompagné de ressources bibliographiques. En essayant de la résoudre par eux-mêmes, ils vont acquérir des compétences. C’est avant tout un travail de groupe dans lequel ils ont chacun leur rôle : l’activateur qui va faire en sorte que tout le monde participe et contribue activement aux travaux, le gardien du temps qui va surveiller le calendrier, le barreur qui va superviser l’avancement… C’est très important de les initier le plus tôt possible au fait de travailler en groupe : les ingénieurs ne travaillent jamais seuls dans leur coin. Ils doivent apprendre à avancer par eux-mêmes et échanger avec les autres, pour faire progresser le groupe. L’enseignant est là pour les guider et les accompagner vers le meilleur chemin, tout en les laissant décider des orientations. informatiques, où les hommes sont sur-représentés. Quand on prend les chiffres de créations d’entreprises en France, toutes activités, les femmes représentent presque la moitié des créateurs. Or dans l’univers des startups, qui demande aux jeunes pousses d’être innovantes et disruptives, cela passe par de la technologie pure et dure, avec de l’algorithmie, de l’informatique… Ce sont des univers très masculins, avec très peu femmes.

Au fond, c’est une manière de les plonger dans leur future vie professionnelle.

Oui, exactement. En travaillant et en cherchant par eux-mêmes, ils deviennent acteurs de ce qu’ils font, contrairement aux cours classiques où les étudiants ne sont pas forcément concernés, ni concentrés. Mais s’ils cherchent par eux-mêmes, avancent et découvrent de nouvelles choses, ils sont beaucoup plus impliqués et retiennent mieux.

Comment peut-on encourager plus de jeunes femmes à s’orienter vers des études d’ingénieurs et scientifiques ?

Le premier point est de leur donner un peu plus confiance en elles et les motiver. Elles ont tendance à jouer la carte de l’assurance et la sécurité : elles privilégient des parcours et des carrières dans lesquels elles ne prennent pas trop de risques. Elles doivent oser et aller vers des terrains inconnus. En informatique, les filles s’occupent encore trop souvent des présentations ou des comptes-rendus des travaux de groupes : elles ne se mouillent pas assez dans la partie programmation ou ingénierie. 

En informatique ou en ingénierie, voyez-vous néanmoins une évolution ?

Ce sont des univers qui restent très masculins. Mais depuis quelques années, le taux de filles, en particulier à l’ESME Sudria, augmente : nous sommes à plus de 20 % – ce qui est une belle avancée ! J’en suis ravie mais mon but est qu’on arrive rapidement à une vraie parité. Il n’y pas de raison qu’il n’y ait pas autant d’ingénieures que d’ingénieurs.

Il y a de la place
pour tout le monde !

Clara Fresnel

Responsable pédagogique
d’Epitech Digital Lyon

Quelle est votre mission à Epitech ?

Je suis responsable du programme Grande École d’Epitech Digital Lyon. Ce nouveau programme s’adresse à des profils orientés sur la transformation digitale. Nous travaillons sur deux aspects, d’un côté, le business et de l’autre, la technologie : nous leur apprenons à se former aux dernières technologies et comprendre leurs usages. Le but est que ces futurs professionnels accompagnent la transformation digitale des entreprises ou créent des entreprises proposant des usages ou des outils numériques innovants.

En parallèle de cette activité, vous avez également cocréé Ido-Data. Que propose cette start-up ?

Ido-Data (Ido, pour internet des objets, et Data, car nous les utilisons pour nos objets) a développé un bracelet GPS en partenariat avec les Sauveteurs en mer (SNSM) qui propose de sécuriser la pratique des sports nautiques. Il permet à l’utilisateur de déclencher une alerte et d’être géolocalisé par les secours s’il est en difficulté. Le temps nécessaire de sauvetage est ainsi réduit par trois.

L’année dernière, vous avez été lauréate des Trophées des Femmes de l’économie. Que représente cette distinction ?

Ce prix valorise le travail des femmes dans la tech et l’entrepreneuriat. Ce fut un bel honneur et il a permis de faire un joli coup de pub sur nos activités. Il nous a permis de rentrer dans de nouveaux réseaux. Il est surtout pour moi une manière de dire à toutes les femmes qu’il ne faut pas avoir peur de se lancer dans la tech.

Justement, comment peut-on encourager les filles à se lancer dans la tech ou dans l’entrepreneuriat, qui reste encore très masculin ?

La situation actuelle est le fruit de notre culture. Aujourd’hui, les formations sont beaucoup plus axées sur l’entrepreneuriat, comme ce que propose Epitech. Auparavant, on pensait qu’il n’y avait que les garçons qui s’intéressaient aux technologies. Or, il y a de plus en plus de filles. Mais il faut qu’elles soient plus nombreuses afin qu’elles montrent leur manière de réfléchir. Cette parité est très importante et c’est un objectif, ne serait-ce que pour qu’on puisse penser ensemble les futurs usages. Car la vision de l’homme et de la femme sont complémentaires. Les récents succès sont le fruit d’équipes mixtes. Par exemple, pour la réalité augmentée, qui était essentiellement portée par des hommes, on s’est rendu compte que les casques donnaient des maux de tête aux femmes. Pour éviter ce genre de situation, il faut réellement mettre en place la parité et surtout faire comprendre que toutes les formations sont ouvertes aux filles !

Être une femme vous a-t-il aidé pour entreprendre et faire carrière dans la tech ?

La situation actuelle est le fruit de notre culture. Aujourd’hui, les formations sont beaucoup plus axées sur l’entrepreneuriat, comme ce que propose Epitech. Auparavant, on pensait qu’il n’y avait que les garçons qui s’intéressaient aux technologies. Or, il y a de plus en plus de filles. Mais il faut qu’elles soient plus nombreuses afin qu’elles montrent leur manière de réfléchir. Cette parité est très importante et c’est un objectif, ne serait-ce que pour qu’on puisse penser ensemble les futurs usages. Car la vision de l’homme et de la femme sont complémentaires. Les récents succès sont le fruit d’équipes mixtes. Par exemple, pour la réalité augmentée, qui était essentiellement portée par des hommes, on s’est rendu compte que les casques donnaient des maux de tête aux femmes. Pour éviter ce genre de situation, il faut réellement mettre en place la parité et surtout faire comprendre que toutes les formations sont ouvertes aux filles !

Sophie Mothré

Directrice du service des projets innovants
de Sup’Biotech

Ne pas s’interdire de vouloir changer le monde

En quoi consiste votre mission ?

Je dirige le service des projets innovants qui accompagne les élèves à partir de la 2e année jusqu’à la fin de leurs études. Nous les accompagnons pendant quatre sur des projets initiés par eux-mêmes et en équipes, pour aboutir à un service ou un produit innovant : nous sommes à la recherche d’idées qui n’existent pas, qui améliorent l’existence et apportent une véritable plus-value. L’idée est de leur apprendre à gérer un projet en équipe et planifier les tâches. Nous aidons les élèves à développer leurs idées, à construire leur projet en étudiant tous ses aspects : étude de marché, analyse scientifique, développement technologique au sein de notre laboratoire qui permet de déboucher sur une preuve de concept. Quand les diplômés sortent de l’école, ils ont ainsi un véritable bagage autour de ce projet. Certains d’entre eux sont d’ailleurs poursuivis au-delà des études, incubés, et deviennent de véritables entreprises.

Pourquoi les biotechnologies sont-elles un secteur d’avenir ?

Elles amènent des solutions respectueuses de l’environnement et qui répondent aux enjeux du développement durable. À l’école, nous nous inspirons beaucoup de la démarche du biomimétisme, qui est étroitement lié aux biotechnologies et à l’innovation : observer et utiliser ce que fait la nature pour pouvoir l’intégrer dans des solutions. Les biotechnologies peuvent ainsi offrir par exemple des solutions alternatives aux produits chimiques dans l’agriculture.

Qu’est-ce qui vous plaît à Sup’Biotech ?

Je suis très fière d’accompagner ces projets innovants. Je suis très impressionnée par la qualité des idées portées par nos élèves. Ils sont motivés pour changer les choses. Nous les encourageons à être ambitieux et à ne pas s’interdire de vouloir changer le monde. Et ils le font ! Ils ont beaucoup d’idées. Dans notre programme, nous travaillons un projet dans sa globalité et pas seulement l’aspect scientifique. Cela les prépare véritablement au monde professionnel. Ces interactions me plaisent beaucoup, comme la variété des thématiques que nous abordons : la santé, l’environnement, la cosmétique, l’agroalimentaire, l’impression 3D… L’état d’esprit des élèves est une vraie motivation et Sup’Biotech leur offre la possibilité de développer librement des projets pendant quatre ans – c’est assez exceptionnel !

Anne Dewilde

Directrice de 3IE et intervenante à l’EPITA

Quelques aprioris et des clichés tenaces

Quelles sont vos activités ?

Je suis directrice du laboratoire 3IE (gestion de l’équipe, relations avec les autres services, partie commerciale, partenariats et développement). En parallèle, je suis enseignante en communication : communication orale (1res années) et communication interpersonnelle (approche MBTI, savoir-être, gestion de conflits et leadership à partir de la 3e année). J’interviens aussi dans la Majeure Multimédia et Technologies de l’Information (MTI) où j’encadre, coache et évalue les projets de fin d’études.

Que fait 3IE, l’Institut d'Innovation Informatique de l’EPITA ?

C’est le laboratoire d’innovation de l’école dans lequel nous concevons des applications centrées sur les utilisateurs (web, mobile, 3D, réalité virtuelle et réalité augmentée) à la pointe en termes d’architecture logicielle et de développement. Notre équipe est composée d’enseignants, d’ingénieurs et d’étudiants.

Comment susciter les vocations scientifiques chez les filles ?

Cela se joue assez tôt, dès le collège, en combattant un certain nombre d’aprioris. Comme parent, j’ai souvent entendu des réflexions expliquant que les filles et les études scientifiques n’étaient pas forcément compatibles… Quand je faisais mes études d’ingénieure, dans certains milieux, on me demandait, ainsi qu’à une amie qui faisait médecine, pourquoi nous avions choisi de telles voies… Il y a encore quelques aprioris et des clichés tenaces. Mais les sciences et les mathématiques restent des matières particulières dans lesquelles tout le monde ne peut pas nécessairement s’épanouir. On parle souvent du manque de rôles-modèles chez les filles. Utiliser la technologie pour imaginer un monde meilleur, et l’éthique qui va avec, sont des enjeux dont doivent s’emparer les filles ! Elles y ont toute leur place avec leurs visions.

Comment vous est venue la vôtre ?

J’ai toujours été passionnée par les mathématiques, puis j’ai fait une prépa et des études d’ingénieure. J’aimais les jeux vidéo, la technologie et les sciences. Puis je suis rentrée chez HP, une société ouverte et intéressante qui m’a permis de me diriger vers un poste technico-commercial. Ce rôle m’a passionné et c’est ce que je fais toujours à 3IE. Les études d’ingénieurs ouvrent de nombreuses portes et à des métiers aux multiples facettes. Au-delà de la partie technique, il y a le travail d’équipe et la communication. C’est très riche ; les filles qui veulent devenir ingénieures doivent oser !

Naouel Kaci

Enseignante-chercheuse à l’IPSA

Des
carrières
passionnantes

En quoi consistent vos activités à l’IPSA ?

J’enseigne l’électronique, aux 1res années, l’électrotechnique et génération embarquée ainsi que le traitement numérique du signal aux 3es années. J’ai également contribué à la numérisation des cours d’électronique pour les Aéro1 afin de déployer l’enseignement en classe inversée. J’encadre les étudiants dans leurs projets et mini-projets dès la première année : ils peuvent ainsi mettre en application la théorie qu’ils apprennent en cours, au-delà des applications pédagogiques lors des travaux pratiques. Ces projets sont des applications liées à l’aéronautique, les élèves ingénieurs se rendent ainsi compte que les notions étudiées les préparent à leur futur métier d’ingénieur en aéronautique. Personnellement, je pense que la multiplication de ces projets dès le début de leur cursus est un atout puisque cela leur permet de se faire une idée des différentes spécialités vers lesquels ils s’orienteront, plus tard dans leurs études. Cette pédagogie axée sur les projets est une véritable plus-value !

Vous venez de passer votre thèse en automatique. Quel en était le sujet ?

Elle portait sur le diagnostic des systèmes à travers l’étude de l’actionneur électromécanique. C’est un sujet d’avenir, car comme on veut rendre l’avion de plus en plus électrique, on vise à remplacer les systèmes hydrauliques classiques – qu’on maîtrise parfaitement – par des systèmes électromécaniques. Mais pour cela, il faut prouver l’efficacité de ces derniers, d’où l’intérêt du diagnostic des systèmes, à la fois en ligne et hors ligne.

Comment vous-est venue votre vocation ?

Depuis le collège, mes matières de prédilection étaient la physique et les mathématiques. En classe prépa, j’ai trouvé l’électronique passionnant : les systèmes électriques et électroniques facilitent la vie de l’Homme et peuvent totalement s’insérer dans l’idée de construire un monde plus responsable. Ils ont rendu d’immenses services à commencer par le médical, sans parler de l’aéronautique !

Comment encourager les vocations féminines dans les sciences et l’ingénierie ?

Il faut déjà qu’elles soient au courant qu’elles peuvent appréhender ce type d’études ! Et cela, très jeunes. C’est pourquoi j’encourage les lycéennes mais aussi, les collégiennes à venir aux journées portes ouvertes de l’IPSA et d’autres écoles d’ingénieurs. Dans beaucoup de familles, il y a une méconnaissance des filières et des possibilités d’études. Il faut que les filles aient l’occasion de rencontrer des jeunes ingénieures pour voir que c’est possible et qu’elles réalisent qu’elles sont en totale capacité d’appréhender une carrière d’ingénieur. Je croise régulièrement d’anciennes diplômées de l’IPSA : elles font des carrières passionnantes. J’invite d’ailleurs les ingénieurs femme ingénieurs à sortir de l’invisibilité, de s’investir dans les réseaux Alumni, c’est, à mon avis, le meilleur moyen de susciter des vocations chez nos jeunes collégiennes et lycéenne. Que les filles qui veulent s’orienter vers l’ingénierie le fasse ! Ce sont des études formidables. Ça vaut le coup d’essayer !

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