Cette année, IONIS Education Group fête ses 40 ans d’existence. Son aventure a commencé avec la création de sa première école, l’ISEG. Depuis, le Groupe a bien grandi. À travers des reprises et des créations d’écoles, en se régionalisant et s’internationalisant, il s’est imposé comme la première institution de l’enseignement supérieur privé de France en tirant sa force de son indépendance et de sa réputation.
Retour sur ces 40 années passées au service des étudiants avec son fondateur, Marc Sellam.
Comment a débuté cette aventure, il y a 40 ans ?
L’histoire du Groupe IONIS est née d’un concours de circonstances lié à mon histoire personnelle, car je m’ennuyais dans ce que je faisais à l’époque. Pendant mes études, j’ai été souvent sollicité pour enseigner dans des écoles privées et je donnais régulièrement en parallèle des cours de soutien scolaire. Puis, après avoir évolué chez IBM et Thomson-CSF (devenue Thales), j’ai intégré la Direction de l’enseignement supérieur des télécommunications et, plutôt que d’attendre une évolution de carrière, j’ai décidé d’opérer un virage dans mon parcours. C’est ainsi que je me suis intéressé à l’éducation, par le biais le plus simple, en analysant le marché. J’ai alors constaté que la demande pour de l’enseignement privé était très importante. J’ai donc commencé par proposer des formations tertiaires qui menaient à plusieurs bacs technologiques de l’époque. Mon ambition était d’accompagner des élèves trop souvent en situation d’échec. Et nous avons, les deux premières années, présenté des scores de 100 % de réussite au bac ! Puis, j’ai décidé de lancer des formations postbac courtes, à une époque où elles étaient très demandées et sélectives. Nous avons ainsi proposé des BTS en commerce, en comptabilité-gestion, communication et commerce international, posant ainsi les premières bases de l’Institut supérieur européen de gestion, l’ISEG. À mes yeux, le plus important était la réussite des étudiants aux examens. Cela reste d’ailleurs toujours le cas.
Très vite, l’ISEG, devient une école à part entière et ouvre un deuxième campus à Bordeaux en 1986. Puis elle va se régionaliser tout au long de cette décennie. Pourquoi ce choix, assez osé à l’époque ?
J’ai toujours eu en tête l’idée d’avoir un réel contrôle sur le niveau des étudiants qui sortaient diplômés. Plutôt que d’avoir une école parisienne dont l’effectif allait grossir considérablement, j’ai préféré privilégier une école à « taille humaine », avec une offre complète de formations. C’est pour cela que le choix de la régionalisation paraissait le plus adapté, avec cette volonté d’imprimer une dynamique de marque. Devenir une institution sur le long terme passait ainsi par une implantation en régions.
« L’EPITA était pionnière, car elle était la seule école à proposer des formations en informatique, suivie par des passionnés qui passaient leur vie devant leur écran. Sa pédagogie ne se basait que sur des projets. »
L’intégration de l’EPITA en 1994 marque un tournant dans l’histoire du Groupe. Il s’agit de la première reprise d’un établissement, mais aussi du début de la constitution d’un pôle technologique.
Dans mon parcours, la possibilité de pouvoir rebondir sur ce qui a été ma formation et mon cœur de métier, c’est-à-dire proposer des formations technologiques, a été déterminante. L’EPITA était pionnière, car elle était la seule école à proposer des formations en informatique, suivie par des passionnés qui passaient leur vie devant leur écran. Sa pédagogie ne se basait que sur des projets. Ce modèle était très innovant, mais ses créateurs n’étaient absolument pas de bons gestionnaires… L’école était dans une situation très difficile et j’ai accepté de la reprendre en 1994, car je me retrouvais dans mon environnement. Le monde des télécommunications était en plein bouleversement avec ce qui allait devenir internet. Je savais qu’il s’agissait d’un univers porteur, à la fois en termes technologiques et en matière d’innovation, avec de nombreux débouchés. À l’époque, la plupart des écoles d’ingénieurs envisageaient l’informatique comme une simple discipline, au même titre que les mathématiques, comme si on n’allait jamais avoir besoin d’informaticiens ! Le positionnement de l’EPITA était très courageux et on peut constater, les années passant, qu’il était très pertinent. Avec Fabrice Bardèche, le vice-président du Groupe, à mes côtés depuis le début, nous avons décidé de sauter le pas. Puis, ma responsabilité en tant qu’entrepreneur dans l’éducation était de consolider ce que je faisais. La reprise de l’ISG s’inscrivait ainsi dans le prolongement naturel de ce que nous avions fait quelques années auparavant avec l’ISEG. Je me trouvais face à une école énorme, en termes de réussite, de réputation, d’image et de réseaux. Encore une fois, l’école rencontrait des difficultés liées à une mauvaise gestion. Cette opportunité était unique.
Comment est apparue cette dynamique de Groupe, cette ambition ?
Si mes premières années étaient surtout un sacré casse-tête pour réussir à joindre les deux bouts, j’ai très rapidement souhaité, avec le Groupe IONIS, pouvoir me mesurer aux plus grandes écoles. Étant moi-même un produit de cet univers, je connaissais ce modèle et savais ce qu’était une grande école, mais aussi ce que pouvait être une « petite grande école ». Ma priorité a été d’amener chaque école du Groupe dans le peloton de tête – et elle l’est toujours ! En 40 ans, j’en ai vu beaucoup se lancer dans ce secteur sans réellement exercer leur métier, se contentant de la partie financière, oubliant totalement l’éducation…
Comment expliquez-vous la longévité du Groupe depuis 40 ans ?
Il faut à la fois un peu de chance, mais surtout faire les bons choix et saisir les opportunités quand elles se présentent. En 40 ans, nous n’avons jamais connu d’échec et donc de fermeture d’école, car nous avons su transformer certains projets quand il le fallait pour qu’ils réussissent. Ce qui explique notre réussite est le fait que je sois toujours resté aux commandes du Groupe. Nous sommes à la fois une entreprise comme les autres, mais la dimension humaine est plus importante qu’ailleurs : il est essentiel de prendre part, au quotidien, à ce qui fait une école : la pédagogie, la réussite de ses étudiants, son développement, sa stratégie, les moyens mis à sa disposition… Dans l’enseignement, le bouche-à-oreille fonctionne très bien. Si vous vous occupez bien des étudiants, ils vous le rendent. Et si vous faites mal les choses, cela peut changer très vite. Ce Groupe demande un investissement à 300 %, aussi bien au niveau financier qu’au niveau personnel. Mais je suis avant tout un passionné. L’éducation est un secteur à part : je ne voyais pas le temps passer à mes débuts et j’ai toujours l’impression que nous sommes au début de l’aventure !
« J’ai l’impression de faire quelque chose de formidable et d’exercer une passion. Mais dans l’éducation, il faut également avoir le goût de l’entreprise, avec ses règles. »
Pensez-vous exercer un métier particulier ?
Non, absolument pas. En revanche, j’ai l’impression de faire quelque chose de formidable et d’exercer une passion. Mais dans l’éducation, il faut également avoir le goût de l’entreprise, avec ses règles : maîtriser ses dépenses, gérer, surveiller la concurrence et être attentif à l’environnement. Bien que nous approchions les 30 000 étudiants, notre taille reste à peine celle d’une université moyenne ! C’est à la fois beaucoup et pas grand-chose rapporté à l’ensemble de l’enseignement supérieur.
Lorsque vous créez une école dans un univers que vous ne connaissez pas nécessairement, comment vous adaptez-vous ?
Nos étudiants sont notre raison d’être. Par essence, ils sont avant tout à la recherche de modes de vie qui leur plaisent. Nous sommes donc obligés de bien avoir à l’esprit, de façon permanente, que ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera pas nécessairement demain. Nous devons anticiper pour accompagner au mieux nos élèves. Nous devons à la fois prendre en considération leurs envies, leurs motivations, et avoir une vision précise des lois du marché du travail ainsi que leurs évolutions. C’est cette logique qui a précédé, et qui précédera toujours, à chaque nouvelle création.
Qu’est-ce qui fait aujourd’hui la singularité du Groupe IONIS ?
Le secteur de l’éducation est marqué par l’arrivée de nombreux fonds de pension. Ces derniers voient dans celui-ci l’occasion de se faire de l’argent. Or, pendant des années, on n’imaginait absolument pas qu’une entreprise dans l’éducation puisse dégager des bénéfices. On ne parlait d’ailleurs que de déficit. Nous avons été des précurseurs, car notre modèle démontrait que l’on pouvait se développer par nos propres moyens, en mettant au centre la réussite de nos étudiants. Satisfaire des jeunes qui nous font confiance pour leur avenir professionnel, le service qu’on leur donne, a toujours été notre principale priorité. Ce que nous faisons pour eux et la confiance qu’ils nous accordent nous engagent pour toute une vie, bien au-delà du simple temps des études. Mon obsession est de ne jamais avoir à faire face à un jeune regrettant d’avoir choisi l’une de nos écoles. Or cette priorité n’est pas celle de tous les acteurs du secteur… Notre singularité, c’est notre indépendance, vis-à-vis de l’enseignement public – nous ne recevons aucune subvention de l’État – et de l’enseignement privé, où la logique du résultat financier prend souvent le pas sur le reste. Nous investissons énormément dans le développement et l’innovation.
Quels sont justement les terrains d’innovation qui restent encore à défricher ?
Si vous regardez aujourd’hui le Groupe, vous constatez que nous sommes multisectoriels et transdisciplinaires. Nous sommes très bien placés dans la tech, avec quatre écoles d’ingénieurs, mais également dans le business où nous avons diversifié nos formations aussi bien dans la finance, le marketing, le digital ou encore le luxe. Nous couvrons quasiment tous les secteurs porteurs. Notre innovation la plus récente, XP, l’école du gaming et de l’esport, me rappelle les débuts de la reprise de l’EPITA où l’on disait que l’informatique ne pouvait pas constituer la discipline centrale d’une école. Or nous savons bien que l’émergence de ce domaine va essaimer et que les jeunes nous rejoignant fonctionnent différemment. Demain, cette nouvelle logique va aussi irriguer la façon d’entreprendre. XP répond à un vrai besoin social pour des jeunes qui veulent faire d’une passion un métier, avec une réelle composante éducative qui va peser plus lourdement dans le secteur. Le serious gaming est d’ailleurs en train de se répandre, en particulier dans le monde de l’entreprise, mais aussi dans le monde éducatif.
« Nous ne pouvons qu’être un groupe global et multiple. Nous serons plus que jamais au cœur de l’évolution technologique, des nouveaux modes de fonctionnement des individus et des métiers. »
Comment imaginez-vous le Groupe IONIS dans quelques années ?
Je suis persuadé que nous ne pouvons qu’être un groupe global et multiple. Nous serons plus que jamais au cœur de l’évolution technologique, des nouveaux modes de fonctionnement des individus et des métiers. Nous serons à la fois présentiels et distanciels, en offrant la possibilité à nos étudiants de changer de campus ou de formation. Nous aspirons toujours à accompagner des femmes et des hommes pendant leurs années d’études, mais aussi tout au long de leur vie.
Comment voyez-vous évoluer la jeunesse ?
Aujourd’hui, leur modèle est la start–up, heureusement ou malheureusement, suivant le regard que l’on porte. Ce qui motive un jeune, ce n’est plus de faire carrière dans une entreprise toute sa vie, ni le salaire ou la fonction, mais le fait d’évoluer dans un univers dans lequel il se sent acteur de son quotidien. Ils sont beaucoup plus motivés, s’investissent énormément et se prennent en main. Ils ont cassé les codes, que ce soit au niveau des horaires de travail ou du mode de fonctionnement. La culture du résultat leur importe si le projet les motive. Pour les anciennes générations, c’est une nouvelle culture qu’il faut intégrer et qui empêche de vieillir !
Biographie
Diplômé de l’ESME Sudria en 1974, Marc Sellam commence sa carrière dans l’industrie des télécommunications. De 1976 à 1980, il est inspecteur principal à la Direction de l’enseignement supérieur des télécommunications (DEST). En 1980, il crée l’Institut supérieur européen de gestion (ISEG Paris), première école de ce qui deviendra IONIS Education Group. En 40 ans, le Groupe s’est imposé comme la première institution de l’enseignement supérieur privé de France, avec 25 écoles et entités dans les univers et les fonctions qui structurent les entreprises d’aujourd’hui : commerce, sciences de l’ingénieur, informatique, aéronautique, énergie, transport, biotechnologies, gestion, finance, marketing, communication, Web, luxe, mode, design et création.
L’histoire de IONIS Education Group en quelques dates
1980 – Création de l’ISEG
1986 – L’ISEG débute sa régionalisation à Bordeaux
1993 – Création de l’ISEFAC Alternance
1994 – Reprise de l’EPITA
1997 – Reprise de l’ISG
1998 – Reprise de l’IPSA
1999 – Création d’Epitech
2001 – Création d’e-artsup et reprise de l’ISTH
2002 – Création des Masters EPITA qui deviendront Ionis-STM
2003 – Création de Sup’Biotech
2004 – Création de l’ISEFAC Bachelor, de l’ETNA et reprise de l’ICS Bégué
2006 – Reprise de l’ESME Sudria
2007 – Le développement régional des écoles d’expertise technologique débute avec Epitech et l’IPSA
2011 – Création de SUP’Internet
2014 – Lancement de Moda Domani et de IONISx
2015 – Création de la Coding Academy et de IONIS 361
2016 – Création de l’ISEFAC R.H.
2017 – Le Groupe IONIS annonce l’élargissement de ses frontières avec la création de campus urbains interdisciplinaires dans des métropoles étrangères (Barcelone, Berlin, Bruxelles et Genève).
2018 – Lancement de IONISNEXT et création de XP
2019 – Ouverture d’Epitech Digital
2020 – PowerHouseGaming rejoint le Groupe