Édito – Les mots ont un sens

Comme l’explique la pétillante Élodie Laye Mielczareck, invitée du Grand Entretien de ce nouveau numéro, « il y a des mots qui changent une vie ». Le travail de cette sémiolinguiste que vous avez sans doute déjà croisée dans les médias est justement d’aller au-delà des mots et des gestes, pour comprendre ce qu’ils disent de nous, de la société et aussi de ceux qui nous dirigent. Des dirigeants sur qui l’auteure d’Anti Bullshit (Eyrolles) porte un regard assez sévère, s’avouant « bluffée, presque émerveillée, par le fait qu’on puisse dire tout et son contraire en à peine 24 h ». Une versatilité qui, ironiquement et avec tragédie, « signifie que tout devient possible ». Mais les politiques ne sont pas les seuls à ériger en art le fait de vider les mots de leur sens : c’est aussi l’apanage des entreprises, de la publicité… et même du tout-venant ! « Parfois le bullshiteur, c’est nous-même », rappelle-t-elle, assurant que « cela est lié à la constitution humaine, faite de paradoxes, comme la dissonance cognitive ». Selon Élodie Laye Mielczareck et d’autres observateurs, nous sommes entrés dans la postmodernité, une ère où le paradoxe est devenu la norme. Une « période très excitante, remplie de changements », mais « qui peut nourrir pas mal d’inquiétudes ».

De mots, il en est aussi question avec Philippe Dewost, le directeur général de l’EPITA, qui signe De mémoire vive, un ouvrage passionnant sur « l’aventure numérique ». Préfacé par Cédric Villani, ce livre revisite les moments clés qui ont fait l’histoire des technologies qui aujourd’hui façonnent le monde. Avec un parcours qui l’a fait passer par l’institutionnel, l’entrepreneuriat, le financement ou encore la création de la French Tech, Philippe Dewost jette un regard inédit sur un univers où « rien n’est jamais anodin ». Lui qui incite étudiants et curieux à toujours « poser des questions » (« C’est même un devoir ! ») partage comme point commun avec l’invitée du Grand Entretien de vouloir mettre à jour les paradoxes qui font la société actuelle. À l’image de ce monde numérique, « un secteur sur lequel nous n’avons jamais disposé d’autant d’informations » et qui pourtant peut sembler parfois si opaque…

Les mots peuvent aussi guérir les maux.

Et pour mieux accompagner ce monde qui change et où, plus que jamais, les mots ont un sens, nos quatre écoles d’ingénieurs sont devenues des sociétés à mission. Une évolution qui répond aux objectifs de développement de ces dernières et à la volonté de réaffirmer leur ambition : former des ingénieurs conscients de leur impact sur l’environnement et la société. Une transformation aussi ambitieuse que nécessaire, comme l’explique Vanessa Proux, directrice générale de Sup’Biotech, à propos de son école. Un sentiment partagé par Élodie Laye Mielczareck pour qui « notre rapport à la nature est très problématique » et voit « beaucoup de bullshit quand on parle d’écologie ». Mais « les jeunes générations sont très sensibles à cela et on ne peut que les encourager à continuer dans cette voie ». D’où les transformations constantes que nous apportons à nos établissements et leur pédagogie afin d’offrir à nos étudiants les meilleures armes pour y parvenir ! Avec, toujours en tête, l’idée que les mots peuvent aussi guérir les maux.

Bonne lecture !

Marc Drillech, directeur général de IONIS Education Group

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