Restolog, pour aider les restaurateurs face à la Covid-19

Pour contrer l’épidémie de Covid-19, les lieux de restauration ont pour obligation de tenir un registre de leurs clients afin de permettre une meilleure détection de potentiels cas contact en cas de contamination. C’est pour simplifier la vie des restaurateurs et garantir la confidentialité de ces données personnelles que Baptiste Raabe (EPITA promo 2022), étudiant en 4e année, a décidé de créer Restolog, un service de registre en ligne, gratuit et totalement sécurisé !

Avec Restolog, un EPITéen veut aider les restaurateurs face à la Covid-19
Baptiste Raabe, le créateur de Restolog

Pourquoi as-tu voulu créer Restolog ?
Baptiste Raabe : Depuis le 6 octobre, les mesures gouvernementales imposent à tous les restaurateurs de tenir un registre des clients qui se sont présentés dans leurs établissements afin de pouvoir les prévenir si un cas de Covid-19 est avéré parmi les personnes ayant fréquenté le lieu au même moment. Ce dispositif a été d’abord imposé dans les zones classées « roses », puis il a depuis été rendu obligatoire sur tout le territoire français. Ce registre existe la plupart du temps sur format papier, or, un registre papier peut-être contraignant : il peut être volatile, il nécessite l’emploi d’un stylo qui doit être désinfecté après chaque utilisation, etc. C’est là qu’intervient Restolog, qui permet à la place d’instaurer un registre numérique via la création d’un QR code affichable devant le restaurant ou sur les tables. Le client n’a alors qu’à scanner le QR code avec son smartphone pour être dirigé vers un formulaire lui permettant d’enregistrer ses coordonnées. L’autre avantage du dispositif est qu’il évite les blocages à l’entrée de l’établissement et les flux problématiques : les clients n’ont qu’à s’assoir et à scanner leurs codes, plutôt qu’à faire la queue pour signer le registre. C’est également une façon de mieux respecter les gestes barrières et notamment la distanciation d’un mètre minimum entre les personnes. Enfin, l’aspect numérique garantit la confidentialité des données personnelles : ces dernières sont stockées sur un serveur sécurisé et supprimées automatiquement au bout de 14 jours. Cela, un registre papier ne le permet pas. Au contraire, une feuille peut s’envoler dans la nature, peut être copiée ou réutilisée éventuellement à d’autres fins.

Comment as-tu eu l’idée de cette initiative ?
En fréquentant un restaurant ! Avec des collègues, nous étions allés déjeuner et avons dû faire dix minutes de queue juste pour remplir un bout de papier. C’est là que l’idée du QR code m’est venue. Pourquoi attendre alors qu’on pourrait tous remplir le registre simultanément à l’aide de nos smartphones ? Surtout, au-delà de l’attente pas forcément agréable, j’ai aussi constaté que la distanciation n’était pas vraiment respectée et que, si le restaurant prêtait un stylo – ce qui est pratique car on ne va pas tous déjeuner avec un stylo sous la main –, ce dernier servait à tout le monde sans être désinfecté et pouvait donc devenir une chaîne de transmission du virus !
Bref, l’idée m’est venue le jeudi 8 octobre et j’ai décidé de la mettre en œuvre dans la nuit du vendredi à samedi pour avoir un système à peu près fonctionnel d’ici la fin du week-end. Désormais, le dispositif est utilisable par tous les restaurateurs. L’objectif à présent est de pouvoir communiquer dessus pour lui permettre de servir au plus grand nombre. D’ailleurs, le projet n’est pas du tout à but lucratif : le service est gratuit et a été surtout pensé pour aider les restaurateurs à avoir une gestion beaucoup plus simple de la crise, surtout depuis les nouvelles mesures prises récemment instaurant un couvre-feu dans de nombreuses métropoles. Le secteur de la restauration étant très impacté par la Covid-19, il me semblait important de pouvoir l’aider de cette façon.

Si je suis restaurateur et que cela m’intéresse, que dois-je faire ?
C’est très facile ! Il suffit d’aller sur le site Internet www.restolog.fr et de s’inscrire en renseignant son nom, son prénom, son adresse email et un mot de passe. Une fois l’inscription faite, le restaurateur arrive sur une page qui lui permet de renseigner un ou plusieurs établissements. En effet, le but de Restolog est aussi de pouvoir s’adresser à des restaurateurs possédant plusieurs établissements, voire même une chaîne de restaurants. Chaque établissement doit être renseigné en mettant son nom et son adresse afin qu’il soit facilement identifiable par la suite et non confondu avec un établissement possédant le même nom qu’un autre. Dès que les données d’un établissement sont enregistrées, le restaurateur reçoit un QR code qu’il peut, à sa guise, imprimer ou afficher sur un écran à l’entrée. Le client n’aura qu’à scanner le code pour ensuite être redirigé automatique vers un formulaire à remplir pour renseigner son nom, son prénom et son numéro de téléphone comme le demande actuellement le protocole sanitaire en vigueur.

Avec Restolog, un EPITéen veut aider les restaurateurs face à la Covid-19

Pourquoi la sécurité des données est importante ?
Depuis l’arrivée de la RGPD, la question de la sécurité des données personnelles est devenue incontournable. D’ailleurs, de plus en plus de personnes sont conscientes que de très grosses entreprises peuvent collecter énormément de données permettant de suivre les faits et gestes des internautes. Certaines personnes, dont je fais partie, peuvent être justement réticentes à ces collectes. Or un nom et un numéro de téléphone ne sont pas des données anodines. Personnellement, je n’ai pas envie que tout le monde puisse savoir si j’ai fréquenté tel ou tel restaurant tel ou tel jour. De ce fait, même si cette collecte est rendue obligatoire par les mesures sanitaires, elle doit tout de même se faire dans le respect de la RGPD. Cela signifie que cette base de données doit être un minimum sécurisée pour ne pas être facilement attaquable et risquer une fuite. Comme Restolog n’a pas de but commercial, il garantit le fait que ces données ne puissent pas être revendues à des tiers, communiquées à qui que ce soit ou utilisées à d’autres fins que la possible transmission aux autorités de santé lors d’un cas avéré de Covid-19. D’ailleurs, le client comme le restaurateur en sont informés. Et en s’inscrivant, les restaurateurs s’engagent aussi en ce sens.

Comment se traduit cette sécurité ?
Déjà, le site est en https et il est développé en suivant les dernières normes du web pour apporter une base de sécurité assez puissante. Ainsi, toutes les communications entre les bases de données et le serveur sont chiffrées. L’hébergement des serveurs est également sécurisé. Au final, seuls les restaurateurs ont accès à la donnée s’ils en font la demande explicite. Et si un restaurateur fait la demande de récupérer les données de tel jour à tel jour, il s’engage à ce que ce soit pour un cas de Covid-19 et qu’il a reçu la demande explicité d’un organisme ministériel.

Espères-tu faire remonter ton initiative aux services de l’Etat afin qu’ils puissent s’emparer de cet outil ou, du moins, le promouvoir ?
Ce serait génial de voir le site relayé au plus haut niveau ! Après, s’il peut déjà aider certains restaurateurs, ce serait déjà bien. D’ailleurs, quand j’ai commencé le projet, je l’imaginais surtout à vocation de grands groupes de restauration, pour leur permettre un déploiement rapide et leur simplifier la vie. Je pense notamment aux chaînes de fast-food, des établissements qui brassent énormément de monde et génèrent un flux important. Peut-être que certaines chaînes ont, depuis, développé leur propre solution – elles ont une forte réactivité –, mais si cela n’est pas le cas, elles peuvent faire appel à Restolog.

Ces cahiers de registre ne sont pas propres à la France puisque d’autres pays les ont également mis en place, comme en Allemagne par exemple. Les restaurateurs étrangers peuvent-ils aussi utiliser Restolog ?
Ils peuvent l’utiliser, évidemment, même si le site web a été pensé pour la législation française. Par contre, je ne me suis pas penché sur les spécificités des directives des autres pays : autant le site respecte les conditions liées aux données et au cadre sanitaire en France, autant je ne sais pas si cela peut être le cas pour l’Allemagne par exemple. Toutefois, si une personne d’un autre pays souhaite adapter le concept pour son propre pays, elle peut me contacter. Ce sera plaisir que de pouvoir l’accompagner !


Baptiste, un étudiant passionné par la cybersécurité
Si Baptiste a eu l’idée de Restolog, c’est aussi parce qu’il apprécie fortement le monde de la sécurité informatique. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’étudiant, actuellement en stage jusqu’à fin janvier dans un service du gouvernement, compte rejoindre la Majeure Système, Réseau et Sécurité (SRS) de l’EPITA pour la suite de ses études. L’objectif du futur ingénieur est clair : pouvoir travailler dans le domaine qui l’intéresse le plus, celui de la cybersécurité !

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