Ancien directeur artistique, chef de studio dans le milieu de l’édition et la publicité, et spécialiste du webdesign, Jonathan Munn enseigne à e-artsup depuis une dizaine d’années. Également responsable de la nouvelle filière Design & Interactions (développée en partenariat avec l’ESME Sudria pour rapprocher créatifs et ingénieurs), il est l’auteur d’un guide pratique pour les créatifs souhaitant créer leur portfolio et leur site web.
À qui s’adresse l’ouvrage ?
Principalement aux étudiants en design, notamment ceux dont je m’occupe à e-artsup. Au fur à mesure de mon expérience d’enseignant, j’ai engrangé un certain nombre de conseils, qui finalement sont à peu près les mêmes chaque année, bien que les outils changent. Contrairement à ce que je pensais, il n’existait aucun livre regroupant toutes ces indications. J’ai donc agrégé toutes mes notes et les ai montrées à mes collègues qui m’ont encouragé à les transformer en un livre. Une idée qui a été immédiatement acceptée par les éditions Pyramyd.
Y-a-t-il des secrets pour réussir son portfolio (ou son site web) ?
J’ai eu une approche très pragmatique de la question. Le premier point est de ne surtout pas s’y prendre au dernier moment, dans la précipitation. L’idée est de se constituer un portfolio tout au long de ses études, au fur et à mesure des projets, de bien les stocker. Ensuite, il ne suffit pas de montrer des choses, mais d’accompagner le lecteur dans la découverte de son travail. Que ce soit vis-à-vis d’un futur client, d’un futur employeur ou d’une école, ce n’est pas le résultat final qui compte – celui-ci est lié à un moment donné – mais la démarche. Le résultat n’est pas une fin en soi ; ce qui est le plus intéressant, c’est la manière dont a été abordé le sujet, comment il a été pensé. Outre la qualité du travail, ce qui intéresse celui qui vous lit, c’est la démarche : il souhaite savoir si votre manière de travailler colle avec la sienne. Malheureusement, c’est un point trop souvent négligé par les étudiants.
De nombreux portfolios sont très beaux, très tape-à-l’œil, mais lorsque vous approfondissez, il n’y a pas grand-chose derrière… Cela nécessite du storytelling et des qualités techniques.
Un portfolio n’est pas une fin en soi. Comme un CV, il sert à engager le dialogue…
Oui, il doit permettre de plonger celui qui le lit dans une optique de collaboration. À travers le portfolio ou le CV, il doit être capable de se projeter et savoir si on peut travailler ensemble. Il doit comprendre comment vous réfléchissez pour voir si vous êtes compatibles. De nombreux portfolios sont très beaux, très tape-à-l’œil, mais lorsque vous approfondissez, il n’y a pas grand-chose derrière… Cela nécessite du storytelling et des qualités techniques. Au fur et à mesure, les étudiants doivent apprendre à se présenter sous leur meilleur jour pour être les plus attractifs : ils doivent montrer qui ils sont et comment ils travaillent.
Existe-t-il des choses à ne jamais faire ?
La première, c’est d’imaginer qu’on fait un book pour soi : on n’est jamais le client de son propre book ! Il ne sert pas à se faire plaisir ou à se faire mousser. Il faut toujours se mettre à la place de l’autre. La seconde, c’est qu’un book n’est pas un objet mystérieux ni un jeu de piste, encore moins un escape game. Il doit être clair, accessible immédiatement et donner envie ! Sans quoi les gens ne vont pas perdre de temps et passer à autre chose.
Enfin, vous avez créé un site dédié à cet ouvrage.
Oui, j’ai fait cela pour pouvoir faire vivre ces conseils et mettre régulièrement à jour ce guide, l’enrichir. N’hésitez surtout pas à me faire des propositions ou des commentaires !