Harold Guillemin (ESME Sudria promo 2014) est le créateur de FinX, une start-up qui développe une nouvelle technologie de propulsion nautique, bio-inspirée, pour donner naissance aux premiers moteurs de bateau sans hélice. Un pari en passe d’être réussi.
En quoi consistent vos recherches ?
Nous développons un nouveau moteur de bateau électrique où l’on remplace l’hélice par une membrane qui ondule comme les nageoires des poissons. Il permet une économie d’énergie jusqu’à 30 %. C’est une technologie de rupture sûre, sans aucun risque de blessure et facile d’entretien, car il y a beaucoup moins de pièces de mécanique : pas de vilebrequin ni de réducteur. C’est aussi une technologie silencieuse, comparée au bruit des hélices, en particulier à des vitesses élevées, grâce à une membrane qui crée beaucoup moins de cavitation.
Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Le premier moteur que nous développons est un hors-bord de 5 CV, soit 2 kilowatts, électrique. Il est dédié à de petites embarcations de type annexes et voiliers jusqu’à 3 tonnes. Ce sont des bateaux accessibles sans permis. Nous sommes actuellement en train de l’optimiser en laboratoire et avons réalisé de premiers essais sur la Seine. En juin, nous allons commercialiser une première petite série pour avoir des premiers retours de professionnels et préciser la manière dont le moteur se comporte en conditions réelles. Cela nous permettra d’avoir un produit robuste que l’on pourra normer et industrialiser par la suite. Pour la deuxième partie de l’année, notre objectif est de développer assez rapidement un moteur de plus grande puissance, 150 CV (100 kW), électrique lui aussi, pour s’adresser au marché de la plaisance et du sport nautique.
« L’ESME Sudria m’a apporté de nombreux contacts qui m’ont permis de boucler une première levée de fonds de 450 000 euros à la fin de l’année dernière. »
Comment est née cette idée ?
Elle s’inspire avant tout de la nature, du biomimétisme. Après mon diplôme à l’ESME Sudria, j’ai travaillé pendant 5 ans sur une nouvelle technologie de pompes industrielles, chez Wavera. Cette société a inventé une membrane ondulante qui remplace l’hélice et permet de propulser des fluides avec un haut rendement. J’ai alors cherché le moyen d’adapter cette innovation aux moteurs de bateau.
Comment se développe votre activité ?
La société a été créée en juin 2019. Elle se compose de 6 membres et nous sommes actuellement incubés à CentraleSupélec ainsi qu’à l’ESSEC. FinX fait aussi partie de l’accélérateur Wilco, l’un des plus importants de France. Notre beau projet est aussi soutenu par des personnes clés, comme le grand navigateur Loïck Peyron, notre parrain, ou encore Hervé Gastinel, l’ancien PDG du Groupe Beneteau.
L’entrepreneuriat vous a-t-il toujours démangé ?
Je suis issu d’une famille d’entrepreneurs et j’ai très rapidement été attiré par cet univers qui offre une très grande liberté d’action. J’avais envie de pouvoir aborder un projet dans sa globalité, qu’il s’agisse du moteur, du design des pièces, de la communication, du commercial et même du juridique. C’est pour ça que je me suis lancé dans la création de FinX.
L’équipe de FinX recevant le Prix Mobilité durable lors du challenge Techinnov 2020
Que vous a apporté l’ESME Sudria ?
Énormément de connaissances techniques, sur les aspects moteur, générateur ou électroniques. Le moteur que l’on développe est un système qui repose beaucoup sur l’électromagnétisme et l’électronique de puissance, spécialités de ma formation en tant que Sussu. L’ESME Sudria m’a aussi permis de développer une grande pluridisciplinarité en touchant à de nombreux domaines, comme l’hydraulique, la mécanique et les systèmes embarqués.
Un conseil aux étudiants ?
Dès que possible, tentez des créations d’entreprises ! D’abord, on apprend énormément sur tous les domaines, car l’entrepreneuriat est une école de vie. Ensuite, pour le réseau : c’est un très bon moyen de le développer quand on est jeune. L’ESME Sudria m’a d’ailleurs apporté de nombreux contacts qui m’ont permis de boucler une première levée de fonds de 450 000 euros à la fin de l’année dernière. Enfin, pour la liberté qu’offre l’entrepreneuriat, contrairement à un job où l’on peut se retrouver cantonné et à l’étroit dans ses missions. Travaillez pour réaliser vos rêves et croyez-y !