Depuis juillet 2021, les deux écoles d’ingénieurs ont rejoint le Pôle Entrepreneuriat Innovation de Paris-Saclay (PEIPS) dont faisait déjà partie Sup’Biotech. La structure, membre du réseau national Pépite, permet aux étudiants de bénéficier d’un accompagnement et de formations pour réaliser un projet entrepreneurial. En savoir plus avec Valérie Cornetet, directrice générale adjointe de l’IPSA, et Aude Herry, directrice de la recherche de l’ESME, toutes deux référentes entrepreneuriat dans leur école.
Qu’est-ce que le Pépite exactement ?
Valérie Cornetet : PEIPS, c’est le Pépite de Paris-Saclay. Le Pépite (pour Pôles étudiants pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat) est un dispositif du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche initié il y a plusieurs années pour encourager l’entrepreneuriat au niveau des étudiants, quelles que soient leurs études – écoles de commerce, BTS, universitaires, etc. La seule exigence est d’avoir le baccalauréat.
Historiquement, l’ESME et l’IPSA sont des écoles d’ingénieurs qui s’intéressent de près au monde de l’entrepreneuriat. Qu’est-ce qui a poussé à vos écoles à aller plus loin en devenant partenaires du PEIPS ?
Aude Herry : Nous cherchons toujours à offrir à nos étudiants de nouvelles possibilités pour mieux s’orienter vers la création d’entreprise et s’intégrer dans des écosystèmes dédiés. C’est pour ces raisons que nous avons souhaité adosser nos écoles au PEIPS, à l’instar de Sup’Biotech, une autre école d’ingénieurs du Groupe IONIS, déjà partenaire de ce dernier depuis deux ans maintenant. Le choix de ce Pépite en particulier n’est pas anodin non plus : il s’inscrit dans une démarche plus globale de rapprochement avec l’université Paris-Saclay pour couvrir à la fois le volet de la recherche, le volet de la formation et le volet de l’entrepreneuriat.
Étudier dans une école d’ingénieurs permet d’explorer trois mondes possibles, celui de l’ingénierie en tant que telle, celui de la recherche et donc celui de l’entrepreneuriat
VC : En effet, étudier dans une école d’ingénieurs permet d’explorer trois mondes possibles, celui de l’ingénierie en tant que telle, celui de la recherche et donc celui de l’entrepreneuriat. Pour nous, le fait de rejoindre le PEIPS structure encore plus cette dimension car le site de Paris-Saclay est non seulement important pour la recherche mais également le lieu emblématique français de la DeepTech.
Quel est l’intérêt pour un ingénieur d’avoir cette culture de l’entrepreneuriat durant ses études ?
AH : L’ingénieur, c’est celui qui a très souvent l’idée de départ, avec aussi les compétences techniques pour la mettre en œuvre. C’est la colonne vertébrale du projet. Toutefois, les compétences techniques d’ingénieur ne suffisent pas pour la création d’une entreprise, d’où l’intérêt de pouvoir les compléter à travers divers enseignements et différentes sensibilisations autour du management et de la gestion.
VC : L’entrepreneur se doit aussi d’avoir une certaine posture à travers les « soft skills », ces compétences spécifiques qui s’acquièrent surtout en dehors du cursus d’ingénieur. Elles peuvent notamment se développer quand on évolue au sein d’un Pépite, en profitant de webinars, de formations et, surtout, du partage d’expérience avec d’autres entrepreneurs et d’autres profils de manière générale.
AH : Les « soft skills » passent essentiellement par une émulation collective. D’ailleurs, les étudiants qui participent au PEIPS ne sont pas tous issus d’une école d’ingénieurs… et c’est tant mieux !
Depuis l’officialisation du partenariat en 2021, qu’est-ce qui a déjà pu se mettre en place ?
VC : Depuis le mois de juillet, nous avons rejoint l’équipe d’animation du PEIPS. Comme le principe de départ d’un Pépite est d’inciter les étudiants à postuler pour obtenir le statut national d’Étudiant-Entrepreneur (SNEE) ou de suivre le programme D2E qui attribue ensuite un diplôme d’Étudiant-Entrepreneur de l’Université Paris-Saclay, nous avons d’abord commencé par communiquer avec nos élèves pour les informer de ces opportunités.
AH : Valérie et moi avons aussi participé au comité d’engagement du PEIPS qui se réunit deux fois par an – en septembre et en janvier – pour étudier toutes les candidatures étudiantes. Ces étudiants peuvent venir de toutes les écoles partenaires, bien sûr, mais aussi d’ailleurs : tous les étudiants de France ont la possibilité de postuler à n’importe quel Pépite.
VC : À l’IPSA, pour le moment, nous avons déjà la chance d’avoir onze étudiants retenus pour l’obtention du SNEE et un étudiant retenu pour le programme D2E, qui a donc commencé à suivre des cours dédiés. Ce qui est intéressant, c’est que quatre des onze étudiants ayant acquis le SNEE sont des étudiants en Bachelor. En effet, ce partenariat avec le PEIPS concerne tous les étudiants de l’IPSA et de l’ESME, sans distinction entre programme Bachelor et cursus d’ingénieur.
AH : Sans oublier les étudiants de Sup’Biotech ! Cette synergie est d’ailleurs une force et l’on ne peut que se réjouir d’avoir trois différentes écoles d’ingénieurs du Groupe IONIS impliquées au sein du PEIPS. À terme, on peut très bien imaginer de beaux projets interdisciplinaires et inter-écoles se monter via ce partenariat. Pour le moment, à l’ESME, nous comptons renforcer nos actions de communication pour créer davantage d’engouement auprès de nos étudiants. Nous misons aussi sur les prochains événements organisés par le PEIPS pour susciter encore plus d’intérêt auprès d’eux et les inciter à oser se lancer.
Pour candidater, est-il préférable d’être déjà à un niveau avancé d’études ?
VC : C’est effectivement ce que nous leur recommandons. On conseille plutôt de postuler en 3e année pour les Bachelors et en 5e année pour les futurs ingénieurs, notamment parce que l’obtention du SNEE permet de conserver son statut d’étudiant durant un certain temps après l’obtention du diplôme. Par exemple, les Étudiants-Entrepreneurs qui obtiendront leur titre d’ingénieur en décembre 2022 pourront conserver leur statut jusqu’à la fin de l’année scolaire !
AH : Et avec le programme D2E, cette durée de conservation du statut s’allonge de deux ans. Cela permet de développer son projet entrepreneurial tout en continuant à bénéficier de certains avantages, comme le maintien de la couverture sociale étudiante par exemple.
VC : Toutefois, ce partenariat est aussi très intéressant pour les 4es années du cursus ingénieur. Par exemple, les élèves de l’IPSA ayant acquis le SNEE ont la possibilité de réaliser leur projet entrepreneurial sur le temps de travail initialement alloué à leur projet de fin d’études (le Projet Master IPSA) qui démarre dès la 4e année. Ils peuvent aussi consacrer leur stage de fin d’études à ce même projet l’année suivante. Dans ces cas-là, des aménagements sont mis en place par les référents entrepreneuriat de l’école. Ce sont des accompagnements et une structuration spécifiques, reconnus par la Commission des Titres d’Ingénieur (CTI).
AH : C’est aussi le cas à l’ESME, même si nous faisons une distinction entre le projet de 4e année et le projet de fin d’études de 5e année, le Master Project. Pour autant, on peut très bien imaginer une continuité, avec un projet entrepreneurial démarrant en 4e année et grandissant en 5e année avant d’ensuite profiter du programme D2E. Et nos élèves peuvent aussi compter sur un autre référent entrepreneuriat à l’ESME en la personne de Theodor Felezeu, le responsable de notre incubateur Sudri’Cub.
Si je deviens Étudiant-Entrepreneur avec le PEIPS, à quoi puis-je m’attendre ?
AH : À de nombreuses sessions de formation et de multiples événements !
VC : Tous les lundis soirs, par exemple, le PEIPS propose un webinar sur un sujet spécifique – la période du Covid-19 fait que le programme privilégie encore le distanciel. L’Etudiant-Entrepreneur peut aussi profiter de la grande activité de Start in Saclay, l’association des jeunes entrepreneurs du plateau de Saclay, qui propose régulièrement une rencontre, une conférence, une session pour s’entraîner à l’art du pitch… Bref, toujours un bon moyen de rencontrer les autres participants et de se nourrir de l’écosystème de Paris-Saclay qui comprend de nombreuses entités, comme l’incubateur de startups IncubAlliance, de très nombreux laboratoires de recherche, le Paris-Saclay Hardware Accelerator qui accueille déjà des startups IPSAliennes, l’espace de coworking La Terrasse Discovery qui appartient à La Banque Populaire Val de France… Sans oublier les nombreux acteurs de la French Tech localisés à Paris-Saclay !
AH : Cela, c’est ce qui anime régulièrement le programme du PEIPS. Mais ce dernier compte aussi deux grands rendez-vous incontournables chaque année pour les Étudiants-Entrepreneurs : la Journée Entrepreneuriat Étudiant (JEE) et D2E Demo Day (3D) ! La première met justement à l’honneur les projets portés par les étudiants bénéficiant du SNEE au sein du PEIPS, tandis que le second se focalise sur ceux des personnes suivant le programme D2E et clôture ce dernier.
VC : L’ESME et l’IPSA font d’ailleurs partie du comité d’organisation de ces deux événements. La JEE est très attendue car chacun peut y présenter son projet sur un stand dédié et participer à plusieurs concours de pitch selon les catégories et stades d’avancement du projet. Pour la prochaine édition qui aura lieu le 24 mars prochain, pas moins de 70 stands sont attendus et six concours de pitch sont prévus !
AH : Chaque année, il attire énormément de personnes, notamment des étudiants qui s’intéressent à l’entrepreneuriat, des investisseurs, des Business Angels…
VC : Et pour le D2E, c’est l’étape supérieure. Comme il concerne des projets plus matures et avancés, l’événement s’adresse uniquement à des investisseurs et fonds de « corporate venture ».
AH : Nous sommes d’ailleurs heureuses de pouvoir organiser la prochaine édition du D2E, qui se déroulera dans les locaux du campus Ivry de l’ESME le 15 juin 2022. Plus d’une vingtaine de projets seront d’ores et déjà présentés !
Au fond, l’important, c’est avant tout d’oser de se lancer, non ?
AH : Tout à fait ! Rejoindre le PEIPS, c’est connaître un enrichissement à la fois personnel et professionnel. L’Étudiant-Entrepreneur va toujours se découvrir des compétences qu’il ne soupçonnait pas forcément posséder. Et même si son projet n’aboutit pas – cela arrive et fait partie intégrante des aventures entrepreneuriales – il aura appris énormément de choses qui lui serviront toujours par la suite, pour monter un nouveau projet ou dans son futur métier. C’est comme dans la recherche : parfois, explorer une piste jusqu’au bout ne conduit pas forcément à l’objectif espéré, mais ouvre d’autres champs des possibles. La recherche et l’entrepreneuriat se nourrissent de créativité et d’initiatives innovantes. D’ailleurs, il est de moins en moins rare de voir des personnes se tourner vers l’entrepreneuriat après la fin d’une thèse de doctorat.
VC : Celles et ceux qui hésitent encore peuvent aussi s’inspirer des parcours réalisés par des étudiants et Anciens de nos écoles, à l’origine de beaux succès. Pour l’IPSA, je pense notamment à la start-up OPUS Aerospace, à l’entreprise Odysseus Space. D’ores et déjà, les nouveaux projets sont sur les rails tels qu’IPL, MiNEO, IPSA One… L’ESME n’est pas en reste, avec par exemple AvekIA Technology ou encore FinX. Ce sont toutes des réussites assez récentes qui montrent bien qu’il n’y a pas d’âge pour accomplir de grandes choses ! D’ailleurs, les deux fondateurs du projet MiNEO possèdent le statut d’Étudiant-Entrepreneur.