Un bureau en Asie, une levée de fonds en cours, de nouveaux produits en développement : rien n’arrête R-PUR, le fabricant de masque anti-pollution français. Rencontre avec Flavien Hello (Epitech promo 2015), son CEO et son co-fondateur pour échanger sur l’histoire de la start-up, sa croissance et son avenir.
La genèse. « Matthieu, le co-fondateur de R-PUR, et moi-même, avions un job dans la pub à la sortie de nos études. Nous étions en recherche de sens, avec une volonté d’avoir un impact plus important, plein d’énergie et une envie de faire des choses bien. On habitait en région parisienne et nous sommes tous les deux tombés malades, allergies et problèmes respiratoires. La réponse de la médecine a été : « C’est la pollution, la maladie parisienne qui fait ça « . On s’est donc protégés, on a cherché des solutions, et là, un drame : rien n’existe de vraiment qualitatif. Avec Matthieu, que j’ai connu à Séoul, on a donc regardé vers l’Asie, mais une nouvelle fois, rien de convaincant, pas de vraies solutions à la pollution de l’air. »
« En 2015, ce problème était naissant : c’était la première cause de décès dans la capitale et personne n’en parlait ! Choqués par les datas trouvées, on s’est donc demandés : est-ce qu’on ne saurait pas faire une solution viable qui ne soit pas un mensonge marketing ? Nous avons donc travaillé sur la conception d’un masque d’excellente qualité, grâce au travail de chercheurs notamment. Nous avons fait une levée de fonds d’un million d’euros pour industrialiser, deux ans de recherche et livré nos premiers clients à l’été 2018. Nous mettons beaucoup d’amour dans le produit, les meilleurs matériaux, les meilleurs procédés, tout est made in France… On a créé une vraie différence sur le marché, qui fonctionne beaucoup au bouche-à-oreille, car notre masque est meilleur que le ffp2, R-PUR produisant des ffp3. »
En juillet 2020, 10 000 masques ont été vendus en 28 minutes !
Une croissance exponentielle
« Depuis 2019, il y a une grosse demande qui ne cesse de croître, avec une prise de conscience de plus en plus importante au fil des années. Et 2020 et la crise sanitaire ont fait exploser le marché. On travaille dur pour améliorer la production : pour exemple, en juillet 2020, 10 000 masques ont été vendus en 28 minutes ! Pour faire face à cette demande, nous avons travaillé toute la fin d’année sur l’amélioration des outils de production. »
« Nous sommes leader premium en France, en évolution constante en Europe : on a donc la volonté de devenir leader dans le monde. En 2021, nous planifions une croissance importante, géographique notamment, en nous attaquant au marché asiatique puis américain.
L’objectif est également de générer de la croissance par de nouveaux produits, des objets connectés, de nouveaux masques pour piétons, les enfants, la vie en intérieur, là où avant nous nous adressions aux motards, cyclistes ou coureurs. »
« Le rapport au masque est très différent »
« En 2015, le rapport au masque est très différent, il a une mauvaise image : le masque est assimilé aux personnes malades ou aux terroristes ; il fallait être early adopter pour comprendre le sujet de la pollution de l’air. Avant nous, il n’y avait donc pas vraiment d’offre quali’ car les gens pensaient qu’un masque valait un autre masque. Et contrairement aux apparences, en Asie, ils portaient des masques pour d’autres raisons que celles liées à la pollution : ne pas se maquiller, ne pas transmettre de maladie lorsque l’on est contagieux… »
« Avec la crise du Covid-19, on a rencontré un avant et un après dans le rapport au masque : c’est la transformation d’un marché la plus impressionnante qu’on n’ait jamais vue, une métamorphose jamais vécue avant. Avant la crise sanitaire, le masque n’était pas ancré dans les mentalités comme il pouvait l’être en Asie. Aujourd’hui il est généralisé, et surtout autorisé partout ! »
Une concurrence accrue
« Aujourd’hui le marché explose, donc les concurrents explosent, plusieurs milliers de sociétés se sont créées. Tout le monde fait des masques, mais personne n’en fait de notre qualité, personne d’autre n’a de norme ffp3 et n’est capable de se positionner sur notre prix. L’enjeu, c’est la R&D : nous avons investi plus de 2 millions d’euros dans la recherche pour atteindre ce niveau de qualité, avec 99,97% d’herméticité. »
Et demain ?
« Nous avons trois enjeux principaux. On souhaite se faire connaitre dans le monde entier et porter l’étendard de la French Tech. En France, nous avons de très bons cerveaux qui deviennent de bons ingénieurs. Aujourd’hui, R-PUR c’est 26 personnes, avec de plus en plus de recrutements et des bureaux en Asie en prévision. Nous avons une levée de fond en cours de plus de 12 millions d’euros pour réussir nos ambitions et qui fait partie de la stratégie pour continuer notre pleine expansion.
On travaille sur de nouveaux médias filtrants qui répondent à des besoins spécifiques pour désactiver des virus et les rendre inoffensifs. On réfléchit également sur de nouveaux layers qui filtrent des environnements spécifiques : les pompiers avec les feux en forêt, les pilotes d’hélicoptères, les douaniers, les soignants…
Le dernier enjeu, c’est l’éducation, l’information : faire en sorte que les gens apprennent à mieux connaitre cette problématique, d’où ça vient, comment s’en protéger. C’est un gros challenge ! Le coronavirus a rendu les problématiques autour de l’air plus importante, on est prêts à participer à ce débat. La maire de Paris a compris l’importance, il y a un vrai sujet aujourd’hui. Il faut se rendre compte que le métro est un des endroits les plus pollués au monde, plus que le périph’, à cause des particules fines produites par les plaquettes de frein des rames. »
Ses années à Epitech
« Epitech m’a apporté une expérience importante, avec une pédagogie très proche du monde entrepreneurial : fail and learn. On a une problématique et il faut qu’on se débrouille et qu’on essaye. Cette pédagogie est importante et permet d’apprendre n’importe quelle techno, langage, code, aller au-delà et apprendre n’importe quel nouveau métier. »
« J’avais envie d’avoir ma propre aventure et je m’en suis senti capable, car je savais que ça ne serait pas plus dure qu’une Piscine de C ! »