« Cultiver l’esprit d’école malgré l’éloignement »

Joël Courtois est directeur général de l’EPITA, l’école des ingénieurs du numérique.

Comment l’école a-t-elle fait face à la crise sanitaire ?
L’EPITA s’est adaptée très rapidement. Dès l’annonce du premier confinement, nous avons basculé tous nos enseignements à distance, sans interruption pédagogique. Pour cela, nous avons profité du fait que beaucoup de cours étaient déjà numérisés et nous avons équipé tous les enseignants des outils nécessaires à la poursuite de leurs cours. Nous avons pu faire passer les examens en ligne, conformément aux dispositions en vigueur. Les passages en année supérieure ont finalement été similaires à ceux enregistrés les années précédentes. Nos étudiants en dernière année, qui étaient déjà en stage, n’ont pas connu de difficulté pour trouver un emploi. Mais, les entreprises, qui les embauchaient généralement plusieurs mois avant la fin de leur stage, ont mis un peu plus de temps. Cela a été plus compliqué pour les stages de 4e année commençant en septembre : les étudiants, faute d’avoir pu rencontrer les sociétés lors d’entretiens en présentiel , ont mis plus de temps à les trouver.

L’aspect relations humaines, esprit d’équipe et de promo, qui se développe beaucoup pendant cette période, notamment lors du séminaire d’intégration, n’a pas eu lieu.

Comment s’est déroulée la dernière rentrée ?
Elle a eu lieu dans des conditions particulières pour le cycle ingénieur. Nous avons dû adapter notre célèbre Piscine pour recevoir les étudiants en groupes afin de respecter les règles sanitaires. Les meilleurs travaillaient essentiellement à distance, de façon encadrée, pendant que nous accueillions en priorité ceux qui rencontraient le plus de difficultés. En résumant, nous avons inauguré la piscine à vagues avec couloirs de nage… Ces dispositions particulières et ce suivi plus proximal ont fait que le résultat en termes d’acquisition de compétences techniques a même été meilleur que les années précédentes. Mais l’aspect relations humaines, esprit d’équipe et de promo, qui se développe beaucoup pendant cette période, notamment lors du séminaire d’intégration, n’a pas eu lieu. C’est un vrai manque. Lors du deuxième confinement, nous avons maintenus les travaux pratiques et les examens en présentiel, pour tous les étudiants, en nous adaptant aux règles. Nous travaillons actuellement à la mise en place de challenges hebdomadaires entre étudiants, pour cultiver l’esprit d’école et de groupe malgré l’éloignement qui nous prive de la vie étudiante et associative.

L’école vient de rendre accessible son cursus ingénieur dans ses 4 campus en régions. Pourquoi ?
Dès que nous avons ouvert notre Cycle préparatoire en régions, les industriels et leurs familles nous ont fait part de leur volonté de voir les étudiants réaliser l’ensemble de leur scolarité sur place. Les entreprises souhaitaient profiter de leurs précieuses compétences au bout de leur cycle d’études. Et beaucoup d’élèves souhaitaient poursuivre leurs études près de leurs familles, leurs amis, leurs relations et leurs centres d’intérêts. Fort de notre expérience, de la viabilité de cette première vague d’ouverture et avec l’autorisation de la Commission des Titres d’Ingénieur, nous avons décidé d’ouvrir le Cycle ingénieur sur nos quatre campus. Cela répond  à la demande des industriels, qui pourront les accueillir durant leurs stages et les embaucher. Cette ouverte va se faire en deux étapes. Dans un premier temps, dans les villes où nos effectifs étudiants et les demandes des professionnels sont les plus importantes à savoirLyon et Toulouse, les cinq années vont être développées, alors qu’à Rennes et Strasbourg seule la 3ème année et le stage de 4ème année se dérouleront localement. Puis si les demandes continuent de croître nous procéderons à l’ouverture du cycle complet. Dès l’année prochaine, nous allons recruter des enseignants-chercheurs dans chaque ville, pour préparer la rentrée et créer des liens avec les écosystèmes locaux.

De nouvelles Majeures vont être créés. Lesquelles ?
Ces ouvertures vont donner naissance à la Majeure Sécurité & Sureté de l’Intelligence Embarquée (SSIE) à Toulouse et de la Majeure Industrie 4.0 à Lyon. Notons qu’en février 2021, nous allons lancer une nouvelle Majeure Santé à Paris. Elle s’intéressera à l’impact du numérique dans le domaine de la santé : Big Data, intelligence artificielle, cybersécurité, traitement d’image, robotique…

Sur le campus rennais de l’EPITA

La prochaine rentrée sera marquée par l’ouverture d’un Bachelor en Cybersécurité. En quoi va-t-il consister ?
Nous avions déjà un Bachelor anglophone permettant à des étudiants étrangers de rejoindre le Cycle Ingénieur. Ce nouveau programme a été créé à la demande du Campus Cyber qui ouvrira à la Défense en septembre 2021, dont l’EPITA est le premier établissement d’enseignement supérieur partenaire, avec le Groupe IONIS, et où nous installerons également les enseignements de la Majeure Sécurité (SRS) ainsi que notre centre de formation continue SECURESPHERE by EPITA. Pour répondre aux besoins des partenaires en termes de compétences intermédiaires, nous avons créé ce Bachelor, épaulé par un Conseil de perfectionnement composé d’industriels, de grands groupes et de startups. Il se déroulera en trois ans et la dernière année s’effectuera sous le statut d’apprenti.

Cette année, un effort particulier a été réalisé pour inciter un plus grand nombre de jeunes filles à suivre des études d’ingénieurs dans le numérique.

Comment l’école a-t-elle renforcé sa collaboration avec l’ISG ?
Nous avons créé le Parcours Management et Ingénierie de la Tech, un parcours double-compétence qui allie business, technologie et digital. Nous sommes également partenaires de l’école dans les enseignements qui permettent d’obtenir des nano-certificats à ses étudiants du Programme Grande École, pouvant déboucher sur des certifications en Intelligence artificielle & chatbots, Datasciences & Big Data, ainsi que Cybersécurité.

Avec le nouveau Trophée Excellencia, ainsi que le programme Amazon Future Engineer, l’école poursuit son engagement pour la féminisation de l’ingénierie et des sciences. Pourquoi ?
Cette année, un effort particulier a été réalisé pour inciter un plus grand nombre de jeunes filles à suivre des études d’ingénieurs dans le numérique. Pour cela, nous avons proposé trois bourses pour la dernière édition d’Excellencia. Puis nous avons rejoint le programme Amazon Future Engineer, en partenariat avec l’association Article 1, qui offre à 30 bachelières boursières leurs études supérieures. C’est une belle initiative ! Cette année, nous avons 13 % de filles parmi nos étudiants – l’un des meilleurs taux depuis longtemps. Mais c’est encore trop peu et j’espère que nous sommes au démarrage d’une nouvelle dynamique…

Quelle place occupe la recherche à l’école ?
Elle est à un tournant. La croissance de nos effectifs étudiants nous permet de faire grandir fortement le nombre de nos enseignants-chercheurs. Nous avons triplé le nombre de nos étudiants : en quatre ans nous sommes passés de 200 à 600 élèves par promotion en Cycle ingénieur. Cela va nous permettre de renforcer nos équipes de recherche qui travaillent sur l’IA, la cybersécurité et la robotique pour répondre aux besoins des régions et de Paris.

Les ingénieurs en informatique restent parmi les plus recherchés par les entreprises.

Malgré le contexte particulier, les ingénieurs en informatique sont-ils toujours très recherchés par les entreprises ?
La crise sanitaire a démontré que l’usage du numérique permettait de continuer à faire tourner l’économie, aussi bien pour les entreprises avec le télétravail, les établissements d’enseignement ou les commerces dont ceux qui ont pu rapidement développer une offre en ligne s’en sortent le mieux. Le numérique constitue un élément de réponse essentiel dans la crise actuelle et tiendra un rôle de plus en plus important dans les années à venir. Ainsi, malgré le fait que certains secteurs soient plus affectés que d’autres, les ingénieurs en informatique restent parmi les plus recherchés par les entreprises. Suivre des études dans ce secteur continue de garantir un accès à des métiers passionnants, riches et diversifiés. L’omniprésence du numérique dans la société est la garantie d’un bel avenir pour nos ingénieurs !

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