Connaissez-vous le point commun entre Bitfury, Vestiaire Collective, Ledger, Devialet ou encore Jobteaser ? En plus d’être des fleurons de la Tech, toutes ces entreprises ont pour investisseur le fonds Korelya Capital, cofondé par Fleur Pellerin, qui fut ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, de l’Innovation et de l’Économie numérique de 2012 à 2014. À l’origine de la création de la French Tech, cette observatrice avisée du secteur des nouvelles technologies a accepté d’être la marraine de la promotion 2022 de l’EPITA. Voilà pourquoi, ce mardi 18 janvier, elle s’est rendue au campus parisien de l’école. L’occasion pour Fleur Pellerin de visiter l’EPITA, découvrir certains projets menés par différentes Majeures et, surtout, échanger avec les futurs ingénieurs !
Quelle place occupe l’ingénieur dans le secteur de la tech que vous côtoyez quotidiennement ?
Fleur Pellerin : Une place majeure ! La plupart des fondateurs des entreprises dans lesquelles j’ai investi ont justement et très souvent une formation d’ingénieur. Bien entendu, on retrouve également des personnes venues d’écoles de commerce, mais aussi et surtout beaucoup d’ingénieurs. Dans le secteur de la Tech, beaucoup d’idées naissent d’abord dans leur tête. Toutefois, ce que je trouve particulièrement intéressant, c’est de voir se combiner harmonieusement des compétences et qualités différentes, avec par exemple un profil d’ingénieur, plutôt geek, un profil orienté business et un autre plus design. Ça, c’est vraiment un bon combo !
C’est très important de pouvoir rester au contact des jeunes, notamment ceux qui s’apprêtent à entrer dans la vie active. De plus, l’EPITA est une école avec une excellente réputation, qui est reconnue pour former des gens très compétents et très recherchés sur le marché du travail – les entrepreneurs avec qui j’échange régulièrement me l’ont d’ailleurs confirmé plus d’une fois !
Pourquoi avoir accepté de devenir marraine de la promotion sortante de l’EPITA ?
Fleur Pellerin : C’est très important de pouvoir rester au contact des jeunes, notamment ceux qui s’apprêtent à entrer dans la vie active. De plus, l’EPITA est une école avec une excellente réputation, qui est reconnue pour former des gens très compétents et très recherchés sur le marché du travail – les entrepreneurs avec qui j’échange régulièrement me l’ont d’ailleurs confirmé plus d’une fois ! Être marraine me donne ainsi l’occasion de voir comment ils travaillent et étudient, mais aussi de découvrir comment ils envisagent l’avenir, vers quels métiers ils souhaitent s’orienter, quelles technologies et secteurs les attirent aujourd’hui…
Qu’on soit ingénieur ou à la tête d’un fonds d’investissement, le fait de rester connecté aux évolutions technologiques est essentiel, non ?
Fleur Pellerin : Oui et c’est hyper excitant. C’est même la partie de mon métier que je préfère ! Comme Korelya Capital n’est pas spécialisé sur un secteur en particulier, j’ai véritablement un large panel d’entrepreneurs qui viennent régulièrement à ma rencontre pour me présenter leur entreprise… Cela me permet d’être en prise avec le monde réel, mais aussi celui de demain, qui s’invente… Et même si mon métier concerne principalement l’investissement en phase dite de « growth », c’est-à-dire pour des entreprises déjà assez matures, je ne m’interdis jamais d’échanger avec de jeunes entrepreneurs qui, potentiellement, pourront m’intéresser d’ici quelques années. Cela me permet de découvrir constamment des innovations technologiques, d’usages, de rupture ou incrémentales… C’est passionnant et cela permet de se sentir toujours jeune, dans le sens où ma curiosité intellectuelle reste stimulée en permanence, et de mieux comprendre le monde qui nous entoure.
Justement, en tant qu’observatrice aguerrie, est-ce qu’une technologie ou tendance vous tient particulièrement à cœur en ce moment ?
Fleur Pellerin : En tant qu’investisseuse dans la Blockchain, j’avoue actuellement regarder avec attention les NFT. Non pas pour toute la hype entourant les « Bored Apes » – je ne crois pas tellement à l’intérêt des NFT dans l’art – mais plutôt pour tout ce qui a trait à la décentralisation de la finance ou encore la traçabilité des contrats et des titres de propriété. À ce titre, les NFT représentent une technologie extrêmement pertinente pour de nombreux secteurs d’activité et je pense que des développements aussi intéressants que fascinants sont à prévoir. Bien évidemment, il y aura aussi des applications futiles voire, hélas, frauduleuses. Mais je suis persuadée que des personnes visionnaires exploiteront intelligemment cette technologie pour faire émerger de très belles choses. Voilà pourquoi ce sujet m’intéresse beaucoup aujourd’hui, même si, de prime abord, ce n’est pas une technologie facile à « cracker » : il faut fournir un peu d’efforts au départ pour la comprendre et l’appréhender. Mais ces efforts valent le coup !
La méthode pédagogique de l’EPITA rend ses étudiants capables d’apprendre toute leur vie et c’est une bonne chose : le monde change tellement rapidement que les générations d’aujourd’hui et de demain seront sans doute amenées à vivre plusieurs vies professionnelles en une.
Enfin, quels conseils donneriez-vous à vos filleules et filleuls de l’EPITA ?
Fleur Pellerin : De rester très agiles ! La méthode pédagogique de l’EPITA rend ses étudiants capables d’apprendre toute leur vie et c’est une bonne chose : le monde change tellement rapidement que les générations d’aujourd’hui et de demain seront sans doute amenées à vivre plusieurs vies professionnelles en une. Il est donc très important de rester ouvert aux nouvelles opportunités et de se donner les moyens de les saisir quand elles se présentent en étant capable de se former constamment. De nos jours, on parle tout le temps d’agilité, à raison : c’est une soft skill incontournable désormais car ces étudiants vont devoir être capables de changer de voie probablement plusieurs fois durant leurs carrières.
Pour, par exemple, aller vers l’entrepreneuriat ?
Fleur Pellerin : Pourquoi pas ? Moi, cela me ferait très plaisir !