Timothée Gerlinger (IPSA promo 2020) et François Félisiak (promo 2018) se sont rencontrés à l’IPSA. De leur amitié et leur collaboration est née Opus Aerospace, une startup spécialisée dans les lanceurs de microsatellites, un marché en plein boom.
Comment s’est déroulée votre rencontre avec François ?
Timothée Gerlinger : Nous nous sommes rencontrés dans l’association AeroIPSA. J’étais très intéressé par les fusées et François de son côté était surtout intéressé par l’ingénierie en général. On s’est rapidement rendu compte que nous travaillions très bien ensemble, que nous formions une bonne équipe pour faire de bons produits. À la fin de nos études, nous nous sommes dit que nous pourrions poursuivre la collaboration que nous avions entamée au sein de l’association et que nous pourrions la poursuivre à plus grande échelle dans un cadre professionnel, avec un marché émergent, celui des microsatellites, en particulier les micro-lanceurs. Nous avons commencé à travailler ensemble dès 2018, pour mettre au point des premiers prototypes. Nous avons peu à peu professionnalisé notre activité, puis créé Opus Aerospace début 2020.
Que fait Opus Aerospace ?
Nous développons et opérons des lanceurs de microsatellites, c’est-à-dire des fusées capables d’emmener dans l’espace des satellites, ou toute charge utile, de moins de 50 kg. C’est un marché qui est en train de beaucoup se développer, car il y a de plus en plus de petits satellites, que ce soit dans le public (universitaires, institutionnel…, comme ce que fait IPSA One par exemple) ou dans le privé (pour créer des constellations de petits satellites pour remplacer les grands satellites qui font plusieurs tonnes). En somme, nous faisons ce que fait la fusée Ariane, mais pour des satellites beaucoup plus petits, avec des fusées plus petites. Même si le marché des microsatellites ne supplantes pas celui des satellites classiques, il est en train de se structurer très rapidement.
Parmi nos potentiels clients, on peut trouver soit des sociétés qui construisent des satellites, soit des sociétés opératrices de ces derniers : télécom, observation de la Terre (météorologie, photos…), expériences scientifiques (comme le Centre national d’études spatiales). C’est aussi un domaine qui intéresse le monde militaire, en particulier aux États-Unis, avec le déploiement d’applications dédiées. C’est une part de marché qui va devenir non-négligeable dans ce secteur.
Ainsi, avec votre mini-lanceurs, on pourrait envoyer des objets dans l’espace depuis n’importe où ?
En théorie, oui. Notre lanceur étant très léger et faisant moins de 6 m de haut, on peut très facilement le transporter. Mais en pratique, on ne peut pas tirer de fusée depuis n’importe où. Cela est interdit car notre fusée serait ainsi susceptible de retomber n’importe où sur la planète. Tout ceci est très encadré, notamment à cause du trafic aérien. Il faut des autorisations et pour tirer des fusées, nous passons via des bases de lancement classiques, avec les autorisations nécessaires et une tour de contrôle, comme un aéroport en somme.
L’école nous a accompagnés au tout début de la création de l’entreprise.
Où en êtes-vous de votre développement ?
Nous travaillons sur notre première fusée suborbitale (qui ne se maintient pas orbite). Elle doit nous permettre de tester tout le matériel embarqué à bord et doit servir au développement de la télémesure. Nous passons par cette première étape avant de l’envoyer encore plus loin. Nous faisons actuellement des tests sur ses moteurs, qui constituent une partie assez complexe.
Opus Aerospace est aujourd’hui incubée au Paris-Saclay Hardware Accelerator, un incubateur essentiellement équipé de machines, qui nous permet d’industrialiser notre activité. Nous sommes quatre dans l’équipe et toujours dans la phase de recherche et développement.
Qu’est-ce que l’IPSA vous a apporté ?
L’école nous a accompagnés au tout début de la création de l’entreprise. L’IPSA nous a ainsi permis d’être présent sur le stand de l’école au Salon du Bourget 2019, en tant que projet étudiant. Cela nous a beaucoup aidés et permis de rencontrer des clients potentiels, des concurrents, des fournisseurs…, à notre futur écosystème. Ça a été très formateur !