C’est l’histoire d’un malentendu qui, en France, dure depuis bien trop longtemps. Une histoire qui fait croire aux jeunes filles que les métiers du numérique ne seraient pas faits pour elles, que le monde de l’informatique ne leur permettrait pas de s’épanouir, qu’il serait la chasse gardée des hommes. Et c’est justement pour ne plus entendre cette histoire malheureusement trop répandue que le programme Amazon Future Engineer a vu le jour, pensé pour casser les aprioris autour des femmes et l’informatique dès le plus jeune âge à travers plusieurs dispositifs.
Lancé en 2020, en partenariat avec la Fondation IONIS et Article1, le volet du programme Amazon Future Engineer dédié aux études supérieures a permis à une trentaine de jeunes boursières de préparer une carrière ambitieuse en rejoignant les bancs de l’EPITA et d’Epitech Technology grâce notamment à une aide pouvant aller jusqu’à 7 500 euros par an. Alors que la deuxième saison du programme a débuté à la rentrée 2021 en permettant à 30 nouvelles étudiantes de se lancer, les parties prenantes du programme se réunissaient au campus numérique et créatif du Groupe IONIS à Paris le 21 octobre dernier pour rappeler l’importance – et l’urgence – d’une telle action.
Elise Beuriot, responsable du programme Amazon Future Engineer
« Amazon s’est lancé dans l’aventure Amazon Future Engineer pour contribuer à une meilleure égalité des chances dans l’accès aux métiers du numérique et de l’informatique. Ce programme s’articule autour d’un panel d’activités se déployant sur plusieurs niveaux, en commençant par les enfants âgés de 6 ans jusqu’aux jeunes adultes en fin de cursus âgés de 25 ans. Les activités démarrent à l’école primaire, orchestrées par nos partenaires associatifs, et se déploient ensuite au collège, au lycée et, enfin, dans les écoles EPITA et Epitech Technology avec la Fondation IONIS, pour soutenir les jeunes femmes souhaitant étudier dans ces écoles.
Le bilan de la première année pour ce volet est positif, avec 30 jeunes femmes soutenues et 25 ayant intégré la 2e année de leur cursus. Cela nous motive à poursuivre en profitant aussi d’une plus grande notoriété du programme auprès des futures bachelières pouvant prétendre à la bourse. Cela a nécessité un plus grand travail de notre partenaire Article1 pour sélectionner de cette nouvelle promotion, en permettant aussi une meilleure répartition entre les deux écoles. La première promotion voyait plus d’étudiantes rejoindre l’EPITA qu’Epitech Technology, mais cette deuxième est équilibrée, avec 15 étudiantes boursières par école.
Ce qui me réjouit à titre personnel, c’est de voir que les étudiantes concernées ont toutes vraiment l’air hyper passionnées et convaincues d’être à leur place ! Bien entendu, il faut rester modeste, mais si l’on a pu contribuer ne serait-ce qu’un iota à leur permettre de s’épanouir et à trouver leur voie dans ces écoles, ce sera déjà grandement satisfaisant. Je suis ravie de les avoir rencontrées et d’avoir pu écouter leur témoignage ! »
Fabrice Bardèche, vice-président exécutif du Groupe IONIS
« Ce partenariat répond à deux soucis que l’on peut avoir dans nos écoles d’informatique et, d’une façon générale, dans nos écoles technologiques : le fait que les femmes soient peu présentes – voire très peu présentes pour les formations en informatique – et le manque de diversité sociale. Nous avons commencé à cibler cette problématique de la féminisation de l’informatique il y a une vingtaine d’années, avec plusieurs initiatives comme le Trophée Excellencia à l’EPITA que nous avions mis en place pour sensibiliser les jeunes filles au fait qu’il y avait des excellentes opportunités de carrières en informatique pour elles et que l’informatique n’était pas un domaine réservé aux garçons, bien au contraire. Quant au volet social, il est étroitement lié. L’EPITA comme Epitech Technology sont des écoles privées. Or, il n’est pas évidement pour certaines familles modestes de parvenir à financer des études de ce niveau-là pour leurs enfants. Bien sûr, il y a déjà des bourses d’État auxquelles nos écoles ouvrent des droits, mais ces dernières ne compensent pas tout. Pour ces familles, il reste en général encore beaucoup de choses à payer : une partie de la scolarité, le logement, la nourriture, etc. C’est vraiment difficile. De fait, cette action que nous menons avec Amazon permet d’agir sur ces deux volets, à la fois le volet féminin et le volet social. Et je trouve qu’Amazon s’occupe très du bien problème en agissant sur plusieurs fronts. En effet, avec le Trophée Excellencia pour l’EPITA, nous agissons juste avant les études supérieures et, même si cela fonctionne, ça ne se suffit pas pour déconstruire le lit culturel déjà fait au moment du Bac et plus généralement du lycée : à ce moment de leur parcours, les jeunes filles savent déjà qu’elles s’orienteront vers le médico-social, l’enseignement, la justice… tandis que les garçons s’orienteront vers la technique, l’ingénierie, etc. Tous ont déjà trop souvent leurs créneaux. Voilà pourquoi il est très intéressant de voir Amazon attaquer ce problème dès les petites classes via ce programme. On peut penser qu’avec le temps il contribuera à un mouvement de fond de la société.
La non-mixité amène à la caricature. On l’a vu, par exemple, avec les premiers jeux vidéo qui présentaient une vision très masculine et proposaient très souvent d’incarner uniquement des hommes ou des garçons.
Il faut aussi rappeler que la non-mixité amène à la caricature. On l’a vu, par exemple, avec les premiers jeux vidéo qui présentaient une vision très masculine et proposaient très souvent d’incarner uniquement des hommes ou des garçons. Il a fallu attendre pas mal d’années avant que de plus en plus de jeux deviennent mixtes dans leur conception, même si beaucoup continuent à être encore très marqués par la masculinité. Au-delà du jeu vidéo, ce problème de non-mixité se décline à tous les pans de la société. De ce fait, on retrouve nécessairement cette approche masculine – dans les valeurs, l’organisation, le raisonnement, etc. – dans les développements faits en informatique, y compris dans les orientations stratégiques. Or, l’informatique est aujourd’hui présente à tous les niveaux, dans tous les secteurs de l’économie, y compris dans tout ce qui peut influencer les décisions politiques. Si l’on veut véritablement que notre organisation décisionnelle soit mixte, cela passe aussi très fortement par l’informatique. C’est une nécessité profonde de la société. »
Claire Lecocq, directrice générale adjointe et directrice de l’EPITA Paris
« La place des femmes dans le numérique est un enjeu extrêmement important, maintenant partagé par toutes les parties prenantes, même si le problème ne date pas d’hier : nous avons laissé se dégrader ce déséquilibre en matière de mixité et nous sommes collectivement en train de nous rendre compte aujourd’hui que, que ce soit au sein des entreprises comme des écoles, toutes les différentes formes de diversité – sociale, culturelle ou de genre – permettent de créer de la valeur. Il est donc temps de lutter contre ce déséquilibre dans nos organisations. Par ailleurs, ne pas aller chercher les femmes, c’est avant tout se priver de la moitié des talents pour le numérique, ce qui est particulièrement dommage au moment où les ingénieurs du numérique sont ceux qui doivent relever tous les défis de transformation de la société qui s’imposent à nous ! Les femmes composent la société, alors pourquoi ne pas les impliquer directement dans ces évolutions ? Elles peuvent apporter des réponses différentes, des regards et un management différents.
Même s’il est encore récent, le programme Amazon Future Engineer possède un bilan très positif puisqu’il a déjà permis à plusieurs jeunes femmes de financer des études en école d’ingénieurs. Cela n’a rien d’anodin quand on sait que plusieurs études sociologiques démontrent que des familles peuvent sous-financer les études supérieures des filles au profit des garçons quand elles sont confrontées à un tel choix. Avec ce programme, non seulement on leur donne accès aux études du numérique, mais aussi aux meilleures études pour accéder ensuite à des postes à responsabilités dans ce secteur. C’est un réel double impact.
Grâce à ce programme, nous avons donc pu ouvrir les portes de l’EPITA à des jeunes femmes qui, sans cela, ne seraient sans doute jamais venues de par leur milieu social ne pouvant généralement pas assumer un tel coût d’études. Il faut savoir que ces jeunes filles doivent aussi souvent travailler pour financer en parallèle ou s’occuper des petits frères et petites sœurs… Elles font preuve d’un courage incroyable et réussissent malgré tout, même si cela peut parfois prendre un peu plus de temps et qu’elles ont besoin d’un accompagnement tout particulier. Sur les 20 premières étudiantes à avoir bénéficié du programme l’an dernier à l’EPITA, dans des conditions un peu particulières liées à la Covid-19, 3 ont abandonné le programme et 2 ont redoublé, mais elles vont y arriver, nous en sommes certains. Pour cela, nous misons sur un double accompagnement. Le premier est lié au mentorat permis par Article1, avec la présence de professionnels qui incarnent justement ce monde du numérique et en connaissaient les codes. C’est très important car ces jeunes femmes n’ont pas toujours pu connaître les codes de l’ingénierie, de l’informatique et de ces métiers de par leur milieu social. Le second se passe en interne, au sein de l’école : nous devons permettre aux étudiantes impliquées de bien assimiler le rythme et les codes de l’école, pour faciliter leur réussite. Il y a moins de 12 % d’étudiantes à l’EPITA, ce qui est encore bien trop peu. Et parce que c’est une minorité, il faut encore doublement pouvoir les protéger et les soutenir dans leur parcours. Bien sûr, nous travaillions sans cesse sur l’expérience de nos étudiants, mais cela doit encore être plus important pour les jeunes femmes. Nous mettons en place des groupes de soutien, de prises de paroles, des actions synergiques, des conférences, un groupe Discord qui leur est réservé… L’actualité le rappelle régulièrement : les violences sexuelles et sexistes existent dans tous les secteurs et le monde de l’enseignement supérieur ne fait pas exception. Il faut en avoir conscience. La direction de l’EPITA veut absolument pouvoir les protéger car elles doivent pouvoir mener une scolarité épanouie chez nous !
Si l’on veut que de plus en plus de femmes choisissent de faire carrière dans le numérique, il faut leur montrer et leur expliquer qu’elles en sont capables le plus tôt possible. C’est une chance d’être une femme dans le monde du numérique : elles ont une réelle carte à jouer. Du côté de l’EPITA, en soutenant l’association Prologin qui organise notamment les stages GirlsCanCode!, nous donnons déjà à vivre aux collégiennes et lycéennes des expériences de coding. Avec le Trophée Excellencia, nous incitons les lycéennes d’exception à nous rejoindre. La question des modèles est importante : les jeunes filles doivent pouvoir avoir accès à des portraits de femmes du numérique dans lesquelles elles peuvent se reconnaître. Il faut absolument sortir des caricatures car l’ingénieur du numérique n’est pas ce cliché d’homme triste et gris derrière devant son clavier ! »
Emmanuel Carli, directeur général d’Epitech
« Même s’il est encore un peu tôt pour tirer un premier vrai bilan – il faudrait d’abord aller au bout d’un premier cycle de 5 ans pour savoir comment cela fonctionne réellement pour les étudiantes impliquées –, il est important de continuer à travailler sur la féminisation de l’informatique. Aujourd’hui, les femmes représentent plus de 50 % de l’humanité, mais elles se retrouvent confronter à un problème de contre-pouvoir. D’où l’intérêt de voir Amazon attaquer dès le plus jeune âge cette question des femmes en informatique. Et il faut agir auprès de tous. Nous le voyons d’ailleurs à Epitech Technology : nos étudiants masculins en 1re année héritent trop souvent d’attitudes qui viennent du lycée et même d’avant. Il faut reconstruire leurs positions et c’est un travail quotidien. Tant qu’on n’aura pas rééquilibré la situation, ce problème se présentera. C’est d’autant plus important que l’informatique se trouve au cœur de tous les volets de la société et qu’elle doit se nourrir de points de vue différents. Quand on veut innover, on dit qu’il faut avoir l’équipe la plus diverse possible : un bon projet, c’est bien ; une bonne équipe, c’est mieux ; et une bonne équipe diverse, cela l’est encore plus. Sans diversité, on crée des biais – ce sont les fameux chapeaux noirs, qui sont tous les mêmes, tirent les mêmes conclusions et produisent les mêmes systèmes. Or, c’est une erreur phénoménale. Aujourd’hui, on voit bien que la société est diverse : tout le monde doit donc pouvoir s’épanouir et être représenté.
La féminisation est un enjeu majeur pour nous en tant qu’école. Epitech Technology y travaille depuis de nombreuses années, en essayant des approches différentes chaque année
La féminisation est ainsi un enjeu majeur pour nous en tant qu’école. Epitech Technology y travaille depuis de nombreuses années, en essayant des approches différentes chaque année. Cela nous a permis de passer de 4 à 8 % de filles chez nos étudiants, mais il faudrait aller plus loin pour atteindre les 20, 30 ou 40 %. Nous sommes persuadés qu’à un moment donné, le réacteur finira par s’allumer. Les filles ont besoin de role models et de trouver des raisons pour les pousser à aller dans des secteurs où les hommes sont, à l’heure actuelle, encore surreprésentés. Le fait d’avoir des partenaires entreprises comme Amazon, c’est aussi essentiel pour ce travail. Quand une école d’informatique ayant plus de 80% de garçons dit qu’elle a besoin de plus de filles, on ne l’écoute pas forcément, ce qui n’est pas forcément le cas quand d’une grande entreprise. Il faut donc associer des partenaires publics et privés pour faire face à ce problème global.
Le sujet du mentorat est également très intéressant car les étudiantes qui sont mentorées auront de grande chance de mentorer plus tard et pourront potentiellement devenir à leur tour des modèles inspirants pour les futures générations. C’est un autre moyen de fédérer le plus grand nombre de personnes autour de cette cause. L’association E-mma, créée à Epitech Technology en 2014, en est un bon exemple : aujourd’hui, elle regroupe près de 500 étudiants et étudiantes agissant pour lutter en faveur de la mixité dans le numérique. Ces volontaires sont autant de porte-paroles et de points de contrôle qui, au sein de nos campus, permettent de remonter le moindre problème entre filles et garçons aux équipes pédagogiques, aux associations et aux étudiants eux-mêmes, pour corriger le tir et s’entraider. Cette entraide est nécessaire pour une école comme la nôtre, répartie sur 15 campus et réunissant plus de 5 000 étudiants – la direction ne peut pas être derrière chaque élève à chaque moment, elle a besoin de relais, d’un réseau qui permet d’améliorer et corriger le système. Quand on entre dans une école d’informatique, on ne vient pas juste faire ses études et en sortir : on doit pouvoir entrer dans un dispositif qui promeut la diversité dans le secteur du numérique. L’histoire même d’E-mma le démontre. C’est, au départ, le projet de deux étudiantes parisiennes qui veulent changer l’équilibre entre garçons et filles. Mais cette histoire ne s’est pas construite en opposant les uns aux autres : cela ne pouvait pas fonctionner comme ça car cela ne ressemblait pas à la société. Il fallait que ces étudiantes puissent également avoir à leurs côtés des étudiants capables eux-aussi de porter un message différent. Et dans ce message-là, il y a les early adopters qui jouent un rôle essentiel. L’association s’est développée au fur et à mesure, sur nos campus français comme sur nos campus à l’étranger, comme à Barcelone et Berlin, pour créer un effectif hyper équilibré, qui ressemble à la société dans toute sa diversité et son originalité. C’est ce qui fait sa force. Et pour moi qui suis également père de trois enfants dont deux filles, c’est aussi un combat très important que de voir les nouvelles générations se comporter décemment et de façon constructive. »
Charles-Henry Choel, directeur des programmes pour les étudiants chez Article1
« Les femmes ingénieures cumulent plusieurs inégalités. Des inégalités de genre dans le milieu technologique, des inégalités sociales – d’où l’importance des bourses et du mentorat – et, bien souvent, des inégalités liées à une charge mentale bien plus importante que chez les hommes. Par exemple, nous avons une mentorée qui a dû reprendre un travail en parallèle de ses études car sa mère est tombée malade, une autre qui doit s’occuper de ses petits frères… Bref, nous avons affaire à une triple inégalité pour les femmes des milieux populaires et c’est ce que nous essayons, avec Article1 dans le cadre de ce programme, de compenser en partie. Les mettre en relation avec des mentors leur permet notamment de trouver de la motivation et de mieux s’organiser. Durant la crise sanitaire de la Covid-19, toutes les étudiantes n’avaient pas les mêmes conditions matérielles pour travailler sereinement, ni même parfois une chambre individuelle pour être au calme. Quand on vit dans une petite surface à plusieurs, on a encore plus besoin de soutien. Avec nos partenaires d’Article1, nous avons d’ailleurs pu également fournir un certain nombre de matériel informatique pour nos mentorées – plus de 500 ordinateurs ont été donnés. Il y a une vraie fracture numérique et nombreux sont les jeunes à ne pas posséder les bons ordinateurs pour travailler dans de bonnes conditions, malheureusement.
Mais au-delà de cette aide, la relation entre le mentor et l’étudiante est aussi une relation enrichissante pour les deux parties. Quand on entend un mentor expliquer avoir attaqué des formations sous l’impulsion de sa mentorée qui lui a donné envie de se lancer, c’est super intéressant ! C’est ce qu’on appelle le « reverse mentoring », quand le mentoré apprend ou donne envie d’apprendre beaucoup de choses au mentor. C’est une relation interpersonnelle qui s’installe pour les deux parties, chacune ayant beaucoup à apprendre de l’autre. »
Djunice Lumban
Djunice Lumban (EPITA promo 2025), étudiante en 2e année à l’EPITA Paris et boursière du programme Amazon Future Engineer depuis la première saison
« Je viens du 15e arrondissement de Paris, mais mes parents sont d’origines philippines et ont émigré en France. Sans cette bourse, je n’aurais pas pu faire l’EPITA car mes parents n’auraient pas pu payer les cinq années du cursus – 10 000 euros par an, ce n’est pas accessible à tout le monde. J’aurais pu faire des prêts à la banque et avoir le titre d’ingénieur par d’autres moyens, mais cela m’aurait été ensuite plus compliqué de rembourser ces prêts de cette façon. Obtenir cette bourse, c’était vraiment une grande opportunité et je l’ai saisie !
Honnêtement, la 1re année à l’EPITA n’a pas été facile et je n’étais pas sûre de pouvoir la réussir. Il y avait notamment un projet à rendre et je ne savais pas si j’allais en être capable. Heureusement, j’ai pu compter sur la présence de mon mentor qui m’a beaucoup encouragée. Grâce à lui, je me sentais moins seule face au travail. Cela m’a montré qu’il fallait d’abord y croire. J’ai aussi pu compter sur le soutien de mon entourage, de ma famille, qui était toujours derrière moi. Ma mère me le répétait chaque jour : « Si tu veux, tu peux ! » Je me suis accrochée et j’ai travaillé dur pour passer cette première étape !
L’informatique est omniprésente dans nos vies au quotidien : c’est l’avenir et personne ne peut le nier ! Au lycée je souhaitais d’abord m’orienter vers l’aéronautique, mais j’ai préféré choisir l’informatique car je me suis dit que cela allait ensuite me permettre d’intégrer de nombreux domaines. Ainsi, j’ai voulu en faire mon métier. Aujourd’hui, je suis plutôt attirée par les Data Sciences et l’Intelligence Artificielle, mais on ne sait pas de quoi demain sera à fait : chaque jour à l’EPITA, on apprend de nouvelles choses, on découvre d’autres domaines et métiers… J’ai encore le temps de trouver ma voie !
Le fait de pouvoir témoigner sur mon expérience est important pour moi. J’espère que cela permettra à d’autres filles de trouver leur place et d’aider les nouvelles bénéficiaires du programme à réussir leur 1re année à l’EPITA ! D’ailleurs, je fais aussi partie d’une association, Becometech, qui initie les filles à l’informatique. Je conseille aussi aux jeunes filles de voir le film « Les figures de l’ombre » : cela permet d’avoir des représentations de femmes travaillant dans ce domaine. Moi, cela m’a inspiré et donné envie de continuer. Je me disais que si elles parvenaient à réussir là-dedans, il n’y avait pas de raison pour que je n’en sois pas capable à mon tour ! Je me devais de tenter le coup ! »
Matteo Mariani, strategy account manager chez Amazon et mentor de Djunice
« J’ai découvert Article1 via le partenariat avec Amazon qui nous a mis en contact avec des personnes de l’association. J’ai ainsi pu suivre une formation à la fois sur la fonction de mentor et sur le programme Amazon Future Engineer. Par la suite, Article1 nous a transmis à nous, les mentors, les contacts de filles intégrant ces écoles et avec lesquelles nous sommes entrés en contact. J’ai envoyé un premier mail à Djunice pour me présenter, un peu comme on pourrait le faire dans le cadre du travail, et débuter cet échange. Il a fallu quelque temps pour que le lien se fasse et cela fait bientôt un an et demi que nous correspondons régulièrement. Du fait de ma façon de travailler, j’essaye de structurer nos échanges car le mentor est aussi là aussi pour cadrer ce type de relation et donner des exemples concrets sur ce qu’est le monde professionnel. Ainsi, on se parle, quoi qu’il arrive au moins une fois par mois. En général, je commence par lui demander comment avance sa scolarité et se sont passées les dernières semaines, mais on sort ensuite de la partie purement études pour aborder des aspects plus humains. J’essaye de lui apprendre de nouvelles choses, de lui apporter une méthodologie et de lui permettre d’avoir une vision sur le long terme. Je lui fais parfois de longs discours – peut-être parfois trop longs (rires) – sur ce que pourrait être son futur métier ou le monde du travail demain, pour qu’elle ne reste pas coincée dans des silos liés aux enseignements qu’elle reçoit, mais je l’écoute aussi beaucoup. Dans l’ensemble, je m’efforce de garder un équilibre 50/50 entre la parole et l’écoute active, ainsi qu’entre le professionnel et le personnel. C’est important qu’elle puisse me parler de ces éventuels problèmes et de ce qu’elle vit, d’autant qu’avec la Covid-19, l’année passée n’a pas toujours été très simple ! »
Hajar Guirane (Epitech promo 2026), étudiante en 1re année à Epitech Technology Marseille et nouvelle boursière du programme Amazon Future Engineer
« Je trouve que c’est une chance unique d’avoir cette bourse et ce suivi avec nos mentors. Cette bourse, elle peut être très importante pour certaines filles. Moi, par exemple, je sais que sans elle, je n’aurais pas pu aller à Epitech Technology alors que c’est ce que je voulais faire. Avoir un suivi derrière est aussi important : on ne sent pas lâchées seules dans le grand bain. On a quelqu’un à qui parler quand on en a besoin. Tout le programme est très intéressant et j’espère qu’il se développera encore plus à l’avenir ! Tout le monde doit adhérer à ce projet !
Moi, plus tard, je veux faire de la cybersécurité, être dans la cyberdéfense. J’ai toujours aimé fouiller de partout, chercher des choses… Petite, j’avais même pour rêve de pirater la NASA ! (rires) Bien sûr, j’ai changé d’avis depuis et suis plus séduite par l’univers du Ethical Hacking, pour agir dans un cadre légal. D’ailleurs, je regarde une série qui s’appelle « Scorpion » dans laquelle un jeune de 10 ans parvient justement à pirater la NASA pour, finalement, devenir ingénieur et travailler pour l’État. C’est de la fiction, mais cela m’inspire malgré tout ! C’est mon rêve et je compte bien le réaliser. »
Amélie van Waerbeke, marketing specialist chez Amazon F3 et mentor de Hajar Guirane
« Avant de devenir une femme de la tech, j’ai moi-même été une étudiante dans une classe de développement web et je ne peux que confirmer l’importance de pouvoir se sentir accompagnée, de pouvoir se serrer les coudes. Occuper se rôle aujourd’hui en étant présente auprès de Hajar revêt donc un sens particulier pour moi. Je trouve que l’initiative de mentorat avec Article1 est top et nécessaire. J’espère qu’avec Hajar, on pourra cultiver ce mentorat sur cinq ans et même au-delà. »